AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION 21-26 Mai 2005 - Atlanta

Les femmes adultes sont de plus en plus vulnérables

Publié le 16/06/2005
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Troubles des conduites alimentaires

AUX ETATS-UNIS, les femmes d'origine africaine et hispanique, longtemps plus épargnées par ces troubles, commencent à être touchées comme les femmes d'origine caucasienne. Ces troubles des conduites alimentaires du milieu de la vie sont insuffisamment pris en charge car souvent méconnus ; recommandations médicales consensuelles portant sur la pratique du sport et le respect de règles diététiques aidant. C'est d'ailleurs fréquemment l'entourage, le conjoint ou la fille, qui alerte le médecin de famille sur les troubles des conduites alimentaires dont souffre leur épouse ou mère ou qui s'inquiète devant un amaigrissement progressif ou la pratique trop intensive d'un sport. Comme dans les TCA survenant à l'adolescence, les femmes atteintes sont dans le déni de leurs troubles et résistent à la prise en charge.

Diagnostic positif.
En dehors des modifications franches du poids, de la pratique répétée de régimes, de la provocation de vomissements, les symptômes évocateurs d'un TCA survenant après la quarantaine sont principalement des préoccupations excessives de l'aspect physique et des distorsions de l'image du corps, la peur maladive de grossir et de vieillir, l'usage de médicaments destinés à réduire le poids et/ou de substances anorexigènes (cocaïne, laxatifs etc.), la pratique addictive du sport, des céphalées, des troubles gastro-intestinaux. Les femmes souffrant de ces troubles sont en perpétuelle compétition douloureuse avec les générations antérieures et ont des objectifs de maîtrise et de transformation de leur corps totalement irréalistes. Le tout traduit de graves difficultés à franchir les différentes étapes de la vie en acceptant les mutations physiques inévitables qui les accompagnent, en effectuant les renoncements indispensables, a expliqué K. Zerbe. Si ces TCA de la génération des baby-boomer peuvent être analysés à la lumière de la pression socioculturelle qui pèse sur les femmes (jeunisme, culte de la minceur, etc.) et interprétés comme des résistances à faire le deuil de la jeunesse et de la séduction physique comme de la procréation, ils doivent être distingués, dans ces tranches d'âge, d'une part, d'authentiques maladies somatiques génératrices de modifications du poids, d'autre part, de syndromes dépressifs, eux aussi accompagnés de ce type de modifications de l'appétit et du poids. D'autant plus que ces TCA associent souvent des modifications du poids à d'autres symptômes somatiques comme des douleurs, des céphalées, des troubles gastro-intestinaux. Un bilan somatique soigneux sera donc à la base du diagnostic différentiel à la recherche d'un cancer, d'un diabète, d'une infection ou encore d'une hyperthyroïdie (cf. encadré). Un trouble dépressif sera évoqué devant des troubles du sommeil et une anhédonie. Une femme souffrant de troubles alimentaires, comme l'anorexie, évite tout aliment susceptible de la faire grossir et contrôle de façon obsessionnelle ce qu'elle mange. Mais elle n'est jamais satisfaite de son poids, s'estimant toujours trop grosse. A l'inverse, une patiente déprimée qui a maigri du fait de son trouble dépressif reconnaît et parfois même déplore cet amaigrissement. Néanmoins, la comorbidité des troubles des conduites alimentaires avec d'autres troubles psychiques est fréquente ; l'association des TCA et des troubles anxiodépressifs l'est particulièrement dans ces tranches d'âge.

Prise en charge.
Soixante-dix pour cent des femmes entre 30 et 75 ans ne seraient pas satisfaites de leur corps. Deux tiers des femmes et un tiers des hommes pensent qu'un surpoids est synonyme de mauvaise image. Près des deux tiers des femmes sont insatisfaites de leur poids et cette insatisfaction semble augmenter avec les années selon une enquête rapportée par K. Zerbe. Cette tentative de maîtrise forcenée du poids des femmes occidentales a commencé après la Seconde Guerre mondiale ; elle augmente parallèlement à l'obésité dans les sociétés modernes.
La prise en charge des TCA doit être pluridisciplinaire, a souligné cette psychiatre, également psychanalyste : elle passe par la restauration d'un équilibre nutritionnel correct, avec la collaboration d'un nutritionniste ; par celle d'une image objective du corps et par l'établissement d'un objectif de poids raisonnable et réaliste, avec l'aide d'un psychothérapeute. L'approche nutritionnelle complète l'approche cognitivo-comportementale destinée à corriger les habitudes délétères et les schémas de pensées dysfonstionnelles associées aux distorsions de pensée. L'information est également indispensable pour rectifier des croyances erronées sur la diététique ou la physiologie (prise de poids avec l'âge, modifications liées à la ménopause, risques somatiques liés à une maigreur excessive, etc.). La pratique de la relaxation peut participer à la réconciliation avec l'image corporelle. Les psychothérapies d'inspiration psychanalytique peuvent permettre aux patientes de faire les deuils indispensables et les renoncements nécessaires pour survivre en bonne intelligence à un corps qui ne cesse de se modifier avec le temps.

Un bilan élémentaire

Devant un amaigrissement ou des troubles du comportement alimentaire, un bilan biologique de base est nécessaire. Il comprend NFS, plaquettes,VS, ionogramme sanguin, T4 et TSH, calcémie, phosphorémie, urée, créatinine, transaminases, amylasémie, électrophorèse des protides, glycémie.
Electrocardiogramme.
Densitométrie osseuse.

MARTINEAU Caroline

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7773