10e FORUM NATIONAL DU CLUB ISAMBERT 16 Janvier 2005, Paris

Penser aussi aux apnées du sommeil

Publié le 27/01/2005
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Les ronflements de l'enfant

LE RONFLEMENT, bruit caractéristique émis lors de la respiration, est le témoin d'un obstacle à l'écoulement de l'air, obstacle qui peut se situer au niveau nasal ou pharyngé (nasopharyngé ou oropharyngé).
Cette respiration anormalement bruyante qui inquiète les parents doit, dans un premier temps, être différenciée d'autres troubles : une dyspnée, un stridor laryngé, un wheezing.
Ces diagnostics étant exclus, une question se pose : ce ronflement doit-il être pris en charge et traité ?
Comme chez l'adulte, le ronflement de l'enfant peut être révélateur d'un syndrome d'apnées obstructives du sommeil, dont les conséquences sont loin d'être anodines.
Chez l'enfant, le syndrome d'apnées du sommeil se définit par la survenue de plus de trente apnées d'au moins cinq secondes sur un enregistrement du sommeil de sept5 heures environ.
Les données de l'interrogatoire des parents orientent le diagnostic : le ronflement est entrecoupé par des pauses respiratoires parfois impressionnantes. Après quelques secondes, l'enfant reprend sa respiration très bruyamment, puis le ronflement reprend son rythme.
L'enfant dort mal, son sommeil est agité, il fait pipi au lit, alors qu'il était propre, son réveil est souvent difficile, et il peut être soit somnolent dans la journée, avoir besoin de faire la sieste, soit, à l'inverse, être très agité et hyperactif.
A côté de ces symptômes, le syndrome d'apnées obstructives du sommeil s'accompagne de façon constante d'une cassure de la courbe staturo-pondérale. Chez le tout-petit, il peut entraîner des troubles du développement psychomoteur et intellectuel. Chez l'enfant plus grand, l'attention doit être attirée par des difficultés de concentration à l'école ou à la maison et par une chute récente des performances scolaires.
Enfin, lorsqu'il n'est pas diagnostiqué et, donc, pas traité, le syndrome d'apnées obstructives du sommeil peut retentir sur le coeur, avec des signes d'insuffisance cardiaque droite.

Un examen ORL.
L'examen ORL est indispensable, avec recours à la fibroscopie, pour inspecter toute la sphère ORL, évaluer l'état de la muqueuse nasale (muqueuse très congestive ou, au contraire, très pâle, muqueuse épaisse), la position de la cloison nasale, le volume des amygdales et des végétations, rechercher une tumeur, cause rare, qui peut se révéler par un ronflement. L'examen ORL permet également de mettre en évidence des malformations aminima, comme un petit rétrognathisme, dont il faut tenir compte, d'autres malformations craniofaciales, comme le syndrome de Pierre Robin, d'emblée évidentes.
En pratique courante, la demande d'explorations complémentaires est exceptionnelle, certains examens peuvent néanmoins être nécessaires dans des cas particuliers, précise le Dr Michel Elbez :
- des radiographies du cavum et du pharynx ;
- une radiographie du thorax, en cas de suspicion d'un retentissement cardiaque droit ;
- un scanner facial ou cervical, en cas de tumeur ;
- des examens biologiques (NFS, protide, test à la sueur).
L'enregistrement polygraphique du sommeil n'est utile que pour évaluer des apnées du sommeil d'origine centrale.
Les causes les plus fréquentes sont l'hypertrophie des amygdales palatines et des végétations, la rhinite aiguë du nourrisson, qui nécessite une prise en charge spécifique en milieu hospitalier (le traitement avec un sérum adrénaliné ne peut se faire en ambulatoire), certaines rhinites chroniques, avec, au premier rang, les rhinites allergiques, mais aussi, comme chez l'adulte, des rhinites hypertrophiques, des maladies plus graves et plus rares, comme la mucoviscidose ou le syndrome de Kartagener, les tumeurs et les malformations, qui doivent être prises en charge par des équipes spécialisées.

Faut-il traiter tous les enfants ronfleurs ?
Il faut s'abstenir de traiter un enfant ronfleur qui ne fait pas d'apnées du sommeil, qui a un sommeil de qualité, dont le développement staturo-pondéral est normal, et qui n'a pas fréquemment de rhinopharyngites et/ou d'otites. Il faut rassurer les patients et les convaincre de l'inutilité du traitement.
En revanche, en cas d'apnées du sommeil, un traitement adapté à la cause du ronflement s'impose. Le fait de lever l'obstacle transformera la vie de l'enfant, tant sur le plan de sa croissance que de l'amélioration de sa qualité de vie dans la journée.

Communication du Dr Michel Elbez.

> Dr MICHELINE FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7676