LES ENFANTS asthmatiques en milieu urbain sont souvent exposés à des allergènes domestiques et à un tabagisme passif, ce qui peut contribuer à accroître les complications liées à l'asthme. Dans quelle mesure la lutte contre ces facteurs peut-elle être menée efficacement ? Le « New England Journal of Medicine » publie aujourd'hui les résultats de l'Inner City Asthma Study (Wayne Morgan et coll.), destinée à évaluer l'efficacité d'une intervention environnementale multifacette à domicile chez des enfants citadins ayant un asthme.
Dans cette étude, ont été enrôlés 937 enfants de 5 à 11 ans dont l'asthme avait été diagnostiqué par un médecin dans diverses agglomérations américaines. Parmi les critères d'inclusion, les enfants devaient avoir été, au cours des six mois précédents, soit hospitalisés au moins une fois pour leur asthme, soit conduits à deux reprises aux urgences pour leur asthme et devaient avoir un test cutané positif à un allergène domestique parmi les suivants : cafard allemand ou américain, acariens Dermatophagoides farinae ou D. pteronyssinus, rat, souris, champignons Alternaria alternata, Cladosporium herbarum, aspergillus mix, Penicillium chrysogenum, chat et chien.
A l'inclusion, étaient réalisée une évaluation clinique incluant un questionnaire sur les complications de l'asthme et une évaluation de l'environnement.
De façon randomisée, les enfants étaient répartis dans le groupe contrôle ou dans le groupe intervention. Le but de l'intervention était de fournir aux parents de l'enfant les connaissances, la motivation et l'équipement nécessaires à la lutte contre les facteurs environnementaux.
L'intervention était organisée en six modules focalisés sur la lutte contre l'exposition aux acariens, au tabagisme passif, aux cafards, aux animaux domestiques, aux rongeurs et à la farine. Les interventions étaient centrées sur le profil de chaque enfant, en fonction des tests cutanés et des indications des parents.
Literie, aspirateur, purificateur.
L'intervention a duré douze mois et le suivi a été prolongé pendant douze mois supplémentaires.
Lors de la première visite à domicile, les équipes informaient les parents du rôle délétère sur l'asthme des allergènes et des irritants et présentaient le plan d'intervention incluant la création d'une zone de sommeil saine ; on plaçait des revêtements imperméables aux allergènes sur le matelas et les oreillers ; on laissait aux familles un aspirateur équipé d'un filtre hautement efficace et muni d'une brosse adaptée au sol (moquette ou non) ; un purificateur d'air était installé dans la chambre de l'enfant s'il était exposé à un tabagisme passif et/ou sensibilisé aux allergènes de chat ou de chien et/ou sensibilisé à la farine. Enfin, pour les enfants sensibilisés aux allergènes de cafard, une équipe de professionnels intervenait.
Le suivi de l'environnement au domicile et la récolte d'allergènes ont eu lieu à 6, 12, 18 et 24 mois.
L'objectif primaire de l'étude était le nombre maximal de jours avec symptômes d'asthme dans les deux semaines précédant l'interview téléphoné, cela avec trois critères : nombre de jours avec sifflements, sensation de striction thoracique ou toux ; nombre de nuits avec sommeil perturbé par l'asthme ; nombre de jours avec réduction des activités à cause de l'asthme.
Une spirométrie était réalisée à l'entrée dans l'étude et douze mois plus tard.
Un gain de 34 jours sans respiration sifflante.
Les résultats sont schématiquement les suivants : à chaque période de deux semaines, les enfants du groupe intervention avaient moins de jours avec symptômes que ceux du groupe contrôle, à la fois dans l'année d'intervention (3,39 vs 4,2 jours) que dans l'année suivante (2,62 vs 3,21) ; ce qui, sur un total de deux années, correspond à un gain de 34 jours sans respiration sifflante. Parallèlement, on a observé dans le groupe intervention une baisse plus importante des allergènes comme D. farinae dans le lit et sur le sol de la chambre, de D. pteronyssinus dans le lit, des allergènes de cafard sur le sol de la chambre. La réduction des allergènes de cafard et d'acariens sur le sol de la chambre était corrélée de façon significative à la réduction des complications de l'asthme.
« New England Journal of Medicine », 9 septembre 2004, pp. 1068-1080 et 1134-1136 (éditorial).
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