L'incidence de certaines affections auto-immunes, telles que le diabète de type 1 ou la sclérose en plaques, est plus élevée dans les pays les plus éloignés de l'équateur. Il semblerait que l'exposition solaire puisse jouer un rôle dans l'apparition de ces maladies, qui ont en commun d'être en rapport avec un dysfonctionnement des cellules T helpers. Les ultraviolets, en effet, sont susceptibles d'atténuer les réponses immunologiques liées à l'activation de ces cellules et pourraient ainsi représenter un mécanisme protecteur contre ce type de pathologies auto-immunes. En 2001, une équipe de chercheurs finlandais a montré qu'une supplémentation régulière en vitamine D au cours de la première année de vie permet de limiter l'apparition du diabète de type 1.
Afin d'estimer l'impact de l'exposition solaire durant l'enfance et l'adolescence sur l'apparition d'une SEP, des chercheurs, coordonnés par le Dr I. van der Mei (Hobart, Australie), se sont intéressés à une population australienne très particulière : il s'agit des habitants de l'île de Tasmanie. D'une superficie de 67 800 km2 et peuplée par 453 000 habitants, l'île est située à une latitude de 41,3° S. En 2000, l'incidence de la SEP y a été estimée à 75,6 cas pour 100 000 habitants.
Afin d'introduire un nombre de biais le plus réduit possible, les investigateurs ont choisi de ne s'intéresser qu'à une population de moins de 60 ans née et ayant passé sa jeunesse dans l'île et dont l'un au moins des grands-parents était originaire de Tasmanie. Cent trente-deux cas de SEP (appréciée cliniquement et par IRM) et 272 témoins ont été soumis à un interrogatoire sur leur exposition solaire en été et en hiver, entre les âges de 6 et 15 ans. Les investigateurs ont retenu comme significative une exposition de plus de 2 heures continue. Ils se sont aussi intéressés à la mise en place éventuelle d'une protection solaire et ils ont confirmé l'ensemble de ces données par la réalisation d'un examen dermatologique permettant d'évaluer le degré d'atteinte actinique cutané (reflet objectif de l'exposition solaire cumulée). Enfin, ils ont apprécié le phénotype cutané par une mesure de la densité mélanique en deux points du corps.
De 2 à 3 heures par jour
« L'exposition régulière au soleil durant la période 6-15 ans, en moyenne de 2 à 3 heures par jour pendant les week-ends et les vacances d'été et d'hiver, est associée à une moindre survenue de SEP (baisse de 31 % du risque relatif). Il semblerait aussi que la prise régulière de vitamine D baisse aussi, mais de façon moindre, le risque de maladie auto-immune du système nerveux central », analysent les auteurs. Ces résultats sont corrélés par l'analyse dermatologique objective de l'atteinte actinique cutanée. Lorsque la notion d'exposition au soleil selon les saisons est prise en compte, on se rend compte que le temps passé en plein air en hiver paraît le plus déterminant dans l'apparition de la SEP. Pourtant, au cours de cette période de l'année, le niveau des rayonnements UV est environ 10 fois moindre que celui de l'été. Pour les auteurs, « il semble exister un seuil d'exposition solaire ou de prise de vitamine D nécessaire pour prévenir les effets néfastes de l'activation des lymphocytes T helpers ».
« British Medical Journal », vol. 327, pp. 316-320, 9 août 2003.
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