L'obésité, on le sait, est devenue, dans les pays développés, un important sujet de préoccupation. Sa prévalence aux Etats-Unis a doublé au cours des vingt dernières années, parallèlement à l'augmentation de l'apport calorique et de la sédentarité. Aujourd'hui, près des deux tiers des adultes américains ont un surpoids, plus de 30 % sont franchement obèses (IMC > 30), près de 8 % sont diabétiques, et 24 % ont un syndrome métabolique (obésité viscérale, dyslipidémie athérogène, hypertension et intolérance au glucose).
Le désir de maigrir est présent. A n'importe quel moment, 45 % des femmes et 30 % des hommes américains essayent de perdre du poids. Le régime amaigrissant traditionnel, recommandé par les institutions médicales, prône la restriction en graisses et en calories. Toutefois, les régimes excluant les hydrates de carbone (notamment les sucres raffinés) sont devenus populaires, promus par maints best-sellers diététiques, notamment ceux du Dr Atkins (plus de 10 millions d'exemplaires vendus depuis 1973). Malgré cet engouement, peu d'études scientifiques, et aucune randomisée, n'ont évalué ses effets à long terme.
Deux études randomisées, publiées dans le « New England Journal of Medicine », apportent quelques éclaircissements sur les régimes faibles en hydrates de carbone. Dans ces deux études américaines, des sujets obèses ont été randomisés pour suivre soit un régime faible en hydrates de carbone (par conséquent riche en protéines et en graisses), soit un régime plus standard limitant les calories et les graisses (moins de 30 % de l'apport calorique).
Samaha et coll. ont étudié 132 sujets sévèrement obèses (IMC moyen : 43 ; poids moyen : 130 kg), avec une prévalence élevée de diabète (39 %) ou de syndrome métabolique (43 %). Ils ont évalué un régime limitant les hydrates de carbone (moins de 30 g/j) et leur étude a duré six mois.
Foster et coll. ont étudié 63 sujets moins gravement obèses (IMC moyen : 34 ; poids moyen : 98 kg) et non diabétiques. Ils ont évalué le régime d'Atkins, avec restriction en glucides plus sévère au début (moins de 20 g/j). Leur étude a duré douze mois.
Les deux études démontrent pendant les six premiers mois une perte de poids plus importante avec le régime pauvre en hydrates de carbone (de 6 à 7 kg contre de 2 à 3 kg avec le régime pauvre en graisses). Toutefois, cette perte de poids est faible comparée à l'excès pondéral. De plus, la différence s'estompe à douze mois dans l'étude de Foster.
Il est à noter que le taux d'abandon élevé dans les deux études (40 %) et la perte de poids globalement modérée, démontrent une faible adhésion aux deux types de régime.
Effet incertain sur le risque coronarien
Le régime faible en hydrates de carbone est associé, dans les deux études, à une plus grande baisse des triglycérides et, dans l'étude de Forster, à une plus grande élévation du cholestérol HDL. Toutefois, ces changements favorables doivent être interprétés avec prudence, car on ignore quelle est leur signification clinique dans le contexte d'un apport élevé en graisses (en particulier saturées).
La conclusion des deux groupes d'investigateurs est identique : des études supplémentaires, plus longues et plus vastes, sont nécessaires pour évaluer les régimes faibles en hydrates de carbone.
« Etant donné les bénéfices connus de la restriction en graisses, des études futures évaluant les résultats cardio-vasculaires à long terme sont nécessaires avant de pouvoir recommander un régime faible en hydrates de carbone », concluent Samaha et coll.
En attendant, préconisent les Drs Bonow et Eckel dans un commentaire, « les médecins devraient continuer de recommander une vie saine comprenant une activité physique régulière et un régime équilibré (fruits et légumes, céréales, viandes maigres, poisson, restriction en graisses totales et saturées) ».
« New England Journal of Medicine », 22 mai 2003, pp. 2057, 2074, 2082, 2136.
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