Vingt ans après, les recherches sur le sida qui demeure l'un des pires fléaux infectieux du globe, font partie des priorités de l'Institut Pasteur à Paris et des réseau des instituts Pasteurs internationaux. Une stratégie exhaustive, de la recherche fondamentale aux programmes de vaccination, souligne le Pr Philippe Kourilsky.
Plusieurs voies de recherches sont à l'étude pour la mise au point de candidats-vaccins. Frédéric Tangy (unité des virus lents) évoque un projet visant à élaborer un vaccin anti-sida à partir du virus rougeole. L'objectif est de faire un vaccin dit recombinant, c'est-à-dire d'introduire deux ou trois gènes du VIH dans le génome du virus atténué de la rougeole qui est utilisé pour les vaccins antirougeole. On disposerait alors d'un vaccin mixte rougeole-VIH, qui présenterait l'intérêt d'une fabrication facile et d'un très bas prix. Les premiers résultats obtenus chez les souris et les primates sont encourageants, avec des réponses humorales et cellulaires (anticorps capables de neutraliser des isolats primaires du VIH et lymphocytes tueurs) après une seule injection. Des essais d'épreuves infectieuses chez le primate sont en cours, avec un candidat vaccin exprimant des protéines du VIH et de l'analogue simien SIV. Il est testé contre une infection par un virus chimère hybride SHIV. Les résultats de ces expériences seront disponibles au début de 2004. S'ils sont satisfaisants, un essai clinique de phase I sera envisagé en France.
Les interactions virus-hôte
Beaucoup de recherches sont menées sur les interactions virus-hôte. Des cibles moléculaires sur lesquelles il faut intervenir pour bloquer l'entrée du virus dans la cellule ont été identifiées (corécepteurs CCR5, CXCR4...) ; et on travaille sur des chimiokines capables d'empêcher cette entrée (Fernando Arenzana-Seisdedos).
Le groupe virus et immunité d'Olivier Schwartz étudie la protéine virale nef, dont on connaît mal la fonction, mais qui se révèle indispensable à une réplication virale efficace. On sait aussi que nef empêche la cellule d'exprimer à sa surface le CMH1 qui est indispensable pour signaler au système immunitaire que la cellule est infectée. Dans le groupe d'Olivier Schwartz, les recherches se poursuivent sur cette voie, ainsi que sur le mécanisme de capture du VIH par les cellules dendritiques qui présentent les épitopes au système immunitaire.
Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreuse du virus, évoque le réseau international des instituts Pasteurs, installés en Afrique et en Asie, et qui collabore largement à la recherche biologique (polymorphisme génétique des corécepteurs par exemple), génétique (découverte du VIHN au Cameroun), préventive ou épidémiologique.
* « Isolation of a T-Lymphotropic Retrovirus from a Patient at Risk for Acquired Immune Deficiency Sndrome », (F. Barré-Sinoussi, J.-C. Chermann, F. Rey, M.T. Nugeyre, S. Chamaret, J. Gruest, C. Dauguet, C. Axler-Blin, F. Vézinet-Brun, C. Rouzioux, W. Rozenbaum, L. Montagnier). « Science », 220, 868-871 (1983).
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