MEDEC 2003

Les biothérapies dans les rhumatismes inflammatoires chroniques : une révolution thérapeutique

Publié le 24/04/2003
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Les conséquences familiales et professionnelles de la polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent (sa prévalence est estimée à 0,31 % de la population totale française) sont majeures : après dix ans d'évolution, de 51 à 72 % des malades ont cessé leur activité professionnelle et 30 % sont en invalidité dès 45 ans. S'y ajoute une augmentation de la mortalité qui est au minimum doublée.

Dans l'étude Practis, coordonnée par Wyeth et la Société française de rhumatologie et qui a porté sur 1 109 patients, les retentissements de la maladie sur la vie quotidienne ont été finement évalués. Ainsi, 82,2 % des patients se disaient incapables de mener les activités de la vie courante, 19,2 % étaient en arrêt définitif d'activité, 35,2 % étaient en arrêt de travail et 25 % étaient en arrêt de longue maladie. Enfin, 47 % des patients avaient été opérés pour cette affection.
Or l'on sait maintenant que plus la mise en œuvre d'un traitement est précoce, plus celui-ci est susceptible d'être efficace, en arrêtant la prolifération synoviale à l'origine des dégâts ostéocartilagineux irréversibles et en diminuant la mortalité. Encore faut-il établir ce diagnostic à un stade où il n'existe pas encore de déformations, où la biologie n'est pas toujours contributive et où les radiographies sont en général normales.

Un arrêt de l'évolution de la maladie dans 70 % des cas

Même s'il est très difficile à établir, le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde (PR) au début doit cependant constituer un objectif majeur, en s'aidant alors d'un faisceau d'arguments, afin de pouvoir identifier les 10 à 20 % de formes très sévères conduisant à des dégradations structurales majeures, car nous disposons aujourd'hui de traitements très efficaces. En effet, si la polyarthrite est active avec des éléments d'altération cartilagineuse, le méthotrexate est prescrit en première intention. En cas d'échec, il est maintenant possible de recourir aux anti-TNF alpha, anticorps anti-TNF alpha (Remicade) ou récepteur soluble du TNF alpha (Enbrel). Ces molécules constituent de fait une véritable révolution thérapeutique puisqu'elles arrivent à provoquer un arrêt de l'évolution clinique, biologique et radiographique dans 70 % des cas, parfois même après une seule injection chez les répondeurs forts.
A cet égard, la mise en place de réseaux associant médecins généralistes et spécialistes, paramédicaux et représentants d'associations de malades, apparaît capitale pour permettre de raccourcir les délais diagnostiques et d'accès aux biothérapies. Dans la même optique, l'implication du patient dans sa propre prise en charge constitue certainement un atout. Qu'il agisse seul ou dans le cadre d'associations de malades, sa voix vient maintenant s'ajouter à celles des professionnels de santé afin de promouvoir l'égalité d'accès aux traitements dont la prescription hospitalière, avec une enveloppe financière contrainte, est encore limitée.

Amphi parrainé par les Laboratoires Wyeth présidés par le Pr L. Euller-Ziegler (Nice), présidente de l'AFLAR, et le Pr J Sany (Montpellier), président de la Société française de rhumatologie.

Dr Patricia THELLIEZ

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7323