De notre correspondante
à New York
Cette équipe de Caroline du Nord a enregistré pour la première fois l'activité des neurones individuels dans le bulbe olfactif annexe, la région du cerveau qui reçoit et intègre les signaux phéromonaux. Les chercheurs ont conduit ces enregistrements d'IRM fonctionnelle chez des souris mâles alors qu'elles sont tout occupées à sentir les phéromones d'une autre souris introduite dans leur cage.
Le sexe et la souche génétique
Leur découverte révèle que le système phéromonal dans le cerveau des souris crée essentiellement « l'image phéromonale » spécifique d'un autre animal. Les souris se reconnaissent donc par ces « images phéromonales », tout comme les hommes et les femmes se reconnaissent par leur visage.
Les chercheurs ont constaté que certains neurones sont activés sélectivement par des combinaisons spécifiques du sexe et du caractère génétique de la souche de l'autre souris. Ainsi, certains neurones répondent sélectivement à la rencontre d'une autre souche de souris ; d'autres répondent sélectivement à la combinaison de la souche et du sexe de la souris, mais aucun neurone ne répond à tous les membres de même sexe. « Nous n'avons trouvé aucun neurone qui dit que " celui-ci est un mâle", ou "celle-là est une femelle" », explique dans un communiqué le Dr Lawrence Katz (Duke University, Durham, Caroline du Nord) qui a dirigé ces travaux.
L'équivalent de la reconnaissance des visages chez l'homme
« Le système phéromonal pourrait donc comprendre des neurones spécialisés qui s'associent pour créer "l'image chimique" globale d'un autre animal », résume-le Dr Katz.
« Ce pourrait être l'équivalent chez le rongeur de la reconnaissance des visages chez les hommes et les primates supérieurs. »
« Chez les primates, il existe des neurones, appelés "cellules du visage", qui sont sélectifs pour des traits auxquels nous attribuons une importance particulière, comme les yeux et la bouche. A l'instar de ces neurones, les neurones phéromonaux sélectifs que nous avons trouvés semblent répondre à des combinaisons spécifiques de traits. »
Ces découvertes pourraient-elles concerner l'homme ? « Les hommes ne semblent pas avoir un équivalent exact du bulbe olfactif annexe (BOA) », explique au « Quotidien » le Dr Katz, « mais nous pensons que certaines des fonctions du BOA ont été reprises par le système olfactif principal. Les parfums, par exemple, contiennent de nombreux agents chimiques qui fonctionnent comme des phéromones chez d'autres animaux. Il est probable que des régions de notre cerveau répondent encore à ces agents chimiques de manière qui pourrait être similaire aux réponses que nous avons observées chez les souris. »
Les chercheurs explorent maintenant la mémorisation de l'image phéromonale, qui est imprimée dans cette même région du cerveau. « Nous enregistrons les cellules des deux sexes de souris pour voir comment l'expérience sociale avec les autres individus change la réponse des neurones », confie au « Quotidien » le Dr Katz.
« Comme les hommes, les souris ont besoin de reconnaître les autres individus dans des situations sociales. Tandis que les hommes possèdent dans leur système visuel bien développé des neurones spécialisés qui reconnaissent les visages, nous découvrons maintenant que les souris ont des neurones spécialisés dans leur bulbe olfactif annexe qui reconnaissent des "traits" phéromonaux leur permettant de faire les mêmes distinctions. »
« Science » du 14 février 2003.
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