En dépit de la fréquence de la toux, il n'existe que très peu de données en France sur la toux, ses caractéristiques, ses étiologies et les modalités de sa prise en charge en pratique quotidienne.
Ces conditions ont incité le Laboratoire Zambon à mener une grande enquête nationale (ENPECTO) auprès des médecins généralistes pour mieux connaître leur attitude face à une toux d'adulte d'apparition récente et mieux appréhender les paramètres de ce symptôme.
L'enquête, réalisée sous la direction du Pr Paul Léophonte (Toulouse), s'est déroulée de janvier à mars 2002.
Mille cinq cents médecins répartis sur tout le territoire ont été invités à participer à l'étude, 1 494 ont répondu favorablement. Chacun d'entre eux devait faire remplir un questionnaire standardisé à cinq patients adultes qui consultaient pour une toux d'apparition récente ou récemment exacerbée.
Un questionnaire en quatre parties
Le questionnaire était composé de quatre parties correspondant aux étapes de la démarche diagnostique et de la stratégie thérapeutique : recherche des antécédents, analyse de la toux et des symptômes associés, données de l'examen clinique, et diagnostic étiologique, prescription.
Sur les 7 000 fiches patients collectées, 1 963 ont pu être analysées.
Les résultats préliminaires révèlent que les patients consultant pour une toux sont plus souvent des hommes (52,7 %) que des femmes, l'âge moyen est de 49 ans, et plus de la moitié de cette population est composée d'anciens fumeurs ou de fumeurs (31,3 % au moment de la consultation).
Plus d'un tiers d'entre eux ont des antécédents respiratoires (affection ORL chronique, bronchite chronique, asthme, dilatation des bronches), mais 13,8 % seulement ont eu une exploration fonctionnelle respiratoire ; 80 % des toux sont productives, avec expectoration purulente dans 38,3 % des cas, et 20 % sont des toux sèches.
Si le diagnostic de syndrome grippal est le plus souvent évoqué, celui de bronchite vient en deuxième position [bronchite aiguë (74 % des cas), exacerbation de bronchite chronique (26 % des cas)].
Sur le plan thérapeutique, une antibiothérapie a été prescrite chez 70 % des patients, des fluidifiants bronchiques, dans 82 % des cas, des antitussifs, dans 21,1 % des cas, une corticothérapie, dans 20 % des cas, et des AINS, dans 7,6 % des cas.
Large prescription d'antibiotiques
Cette enquête confirme qu'il y a encore aujourd'hui une prescription très large d'antibiotiques : un tiers des cas de syndrome grippal, entre 80 et 90 % des cas de bronchite aiguë, bronchite chronique et exacerbation de BPCO sont traités par antibiothérapie.
Or cette prescription est inopportune dans les infections ORL et les bronchites aiguës, le plus souvent d'origine virale, précise le Pr Paul Léophonte.
Selon les recommandations de l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), les antibiotiques ne sont indiqués ni dans les bronchites aiguës de l'adulte sain, ni dans les exacerbations de bronchite chronique ou de BPCO en l'absence d'une expectoration purulente prédictive d'une infection bactérienne.
Chez l'adulte sain et en l'absence de toutes complications, le traitement de la toux d'apparition récente liée à une rhinosinusite ou à une bronchite d'origine virale peut se résumer à un antitussif sans effet toxicomanogène pour calmer une toux sèche irritative ou à un fluidifiant bronchique (N-acétylcystéine) pour aider le patient à expectorer.
Réunion organisée par le Laboratoire Zambon, avec la participation des Prs P. Léophonte (Toulouse) et P. Gehanno (Paris).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature