Après l'âge de 75 ans, de 8 à 19 % des sujets présentent des troubles de la marche. Certains peuvent être attribués à des pathologies rhumatologiques, d'autres à des malformations acquises du pied ; enfin, la grande majorité est d'origine neurologique. Chez les sujets atteints de démence, les troubles de la marche apparaissent généralement de manière précoce ; mais on ne connaissait pas encore le lien entre de telles anomalies exprimées a minima et le risque de développer la maladie dans les années suivantes.
C'est ce que se sont attachés à montrer des neurologues de la région de New York à partir de l'analyse clinique de 422 sujets vus une première fois en consultation entre 1980 et 1983 et revus en moyenne 6,6 ans après. Les investigateurs ont choisi de ne s'intéresser qu'à 7 types de trouble de la marche qui, à eux seuls, représentent plus de 80 % des anomalies rencontrées.
La marche a été qualifiée d'instable lorsque le balancement corporel était majoré, qu'il existait une perte du balancement des bras ou des chutes à la marche. La démarche ataxique était caractérisée par une incoordination motrice ou une trémulation d'intention. Etait considérée comme frontale une marche à petits pas avec un centre de gravité flottant et une difficulté à poser le pied sur le sol de façon assurée.
Neuropathique, hémiparétique ou spastique
Outre la marche parkinsonienne classique, les auteurs ont retenu la démarche neuropathique chez les sujets présentant un steppage uni- ou bilatéral et/ou des troubles de la sensibilité en chaussettes et une perte des réflexes ostéo-tendineux. La marche hémiparétique était définie par un mouvement de l'une des cuisses en demi-cercle par rapport à la hanche (circonvolution). Enfin, la présence de circonvolutions bilatérales correspondait à la marche spastique.
Sur les 422 sujets inclus, 85 (soit 20,1 %) présentaient des anomalies de la marche. Durant les 2 609 patients-années de suivi, des signes de démence ont été retrouvés chez 125 sujets (37 présentant des troubles de la marche à l'inclusion). Pour 70 de ces personnes, un diagnostic de maladie d'Alzheimer a été retenu et la symptomatologie a été qualifiée de démence non Alzheimer chez les 55 autres personnes (47 démences vasculaires et 8 autres types de démence). Un examen autopsique a été effectué sur 24 des sujets atteints de démence : il a permis de préciser que 4 de ces sujets étaient atteints de maladie d'Alzheimer, 5 de démence mixte, 11 de démence vasculaire, 4 de démence à corps de Lewis et 2 de démence à grains argyrophiles.
A l'entrée dans l'étude, sur la population totale, 31 présentaient des signes de marche instable, 11 de démarche frontale, 11 des signes hémiparétiques, 11 une marche de type neuropathique, 10 de type ataxique, 2 de type spatique et 8 une démarche typiquement parkinsonienne. « Globalement, on peut considérer que les troubles de la marche majorent d'un facteur 2 le risque de démence tous types confondus et d'un facteur 3,5 le risque des démences non Alzheimer. Parmi ces troubles, la marche instable, la démarche frontale ou hémiparétique sont les plus liées au risque de démence non Alzheimer », expliquent les auteurs.
« Il semblerait que la combinaison de troubles cognitifs, vasculaires et extrapyramidaux seraient statistiquement associée au risque de développer une démence dans les trois ans. »
« New England Journal of Medicine », vol. 357, n° 22, 28 novembre 2002, pp. 1761-1767.
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