Les démonstrations des statines sont nombreuses chez l'adulte mais chez le sujet âgé, les données sont plus rares, même si certaines et en particulier HPS (à travers l'analyse de sous-groupes) suggèrent que les statines (simvastatine) sont bénéfiques chez le sujet âgé comme chez le plus jeune. Prosper est la première étude prospective ayant inclus uniquement des sujets âgés de 70 à 82 ans (en moyenne 75 ans). La randomisation a porté sur 5 804 patients, dont 3 000 femmes, plus de la moitié d'entre eux présentant une maladie vasculaire (3 239), et les autres présentaient un risque cardio-vasculaire élevé (tabagisme, HTA, diabète). La cholestérolémie basale étant très variable, allant de 4 à 9 mmol/l.
Après randomisation, 2 891 de ces patients ont reçu de la pravastatine (40 mg/j) et 2 913 ont reçu un placebo, pendant au moins trois ans (le suivi moyen a été effectivement de 3,2 ans). Au terme de ce suivi, on observe une diminution significative de 15 % (IC 95 % : 0,74 - 0,97, p = 0,014) du nombre global d'événements vasculaires (mortalité cardio-vasculaire, infarctus et AVC fatals ou non).
Baisse de la mortalité cardiaque et des infarctus
A côté de ce critère principal, on enregistre également une baisse significative de la mortalité cardiaque et des infarctus non mortels : moins 19 % (0,69 - 0,94 ; p = 0,006). En revanche, on ne note pas de différence entre les deux groupes pour le risque d'AVC (RR = 1,03 ; 0,81 - 1,31 ; p = 0,081), même si le traitement actif réduit la fréquence des accidents ischémiques transitoires (RR = 0,75 ; 0,55 - 1 ; p = 0,051).
En ce qui concerne l'absence d'effets notés sur les accidents vasculaires cérébraux et les fonctions cognitives, les Prs J. Sheperd (Glasgow) et M.B. Murphy (Cork, Irlande) font remarquer que la durée de l'essai est sans doute trop courte pour mettre en évidence un effet éventuel (cette durée a été choisie en tenant compte de l'espérance de vie de ces patients âgés).
Aussi bien en prévention primaire que secondaire
En outre, il faudra attendre une analyse plus détaillée des données IRM (chez 600 patients) et des différentes formes d'AVC (ischémiques ou hémorragiques), pour mieux expliquer ces résultats discordants. Enfin, il faut noter que les bénéfices du traitement par pravastatine s'observent aussi bien en prévention primaire qu'en prévention secondaire, cela dans les deux sexes.
En ce qui concerne la tolérance, on observe une augmentation du nombre des nouveaux cancers diagnostiqués dans le groupe pravastatine (p = 0,020) mais les Prs Sheperd et Murphy insistent sur le fait que l'incorporation de ces données à l'ensemble des essais sur la pravastatine et sur l'ensemble des statines n'aboutit pas à la mise en évidence d'un risque global ou d'un type particulier de cancer. Par ailleurs, la tolérance enzymatique et musculaire de la pravastatine a été excellente.
Au total, concluent les Prs Sheperd et Murphy, Prosper confirme que les sujets âgés doivent bénéficier du traitement par les statines comme les adultes plus jeunes.
L'étude Prosper est également publiée dans le « Lancet », vol 360, 23 novembre 2002, pp. 1623-1630
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