De notre envoyé spécial
à Chicago
Présent à Chicago, le Pr P. Menasché a présenté les résultats intermédiaires de ses dix premières greffes, chez des patients âgés en moyenne de 60 ans et présentant des fractions d'éjection ventriculaires (FEVG) très altérées, inférieures à 35 %. On sait que l'équipe française utilise des myoblastes prélevés dans la cuisse et cultivés, ce qui permet d'obtenir de 800 à 900 millions de cellules, celles-ci étant injectées au cours d'un pontage coronarien afin de traiter les zones akinétiques non viables, qui ne peuvent être améliorées par le pontage. Le suivi par PET-scan et tomographie a montré que les myoblastes greffés se contractent avec le myocarde et l'examen des zones akinétiques révèle que, 14 fois sur 22, les segments greffés recouvrent une certaine fonctionnalité. Par ailleurs, 9 des 10 patients greffés sont toujours en vie avec un recul de dix mois et leur FEVG a augmenté, même si l'on ne peut encore déterminer la part qui revient à la greffe cellulaire (et non au pontage) dans l'amélioration de la fonction cardiaque.
Les Américains se lancent dans l'aventure
Mais à Chicago, on retient surtout que d'autres équipes se lancent dans l'aventure, en utilisant aussi des myoblastes autologues. Avec, en particulier, les résultats préliminaires d'un essai multicentrique américain, supervisé par la FDA et coordonné par le Pr Nabil Dib (université de l'Arizona) portant sur 16 patients dont la FEVG était inférieure à 30 %. Dans 11 cas, les injections de myoblastes cultivés (de une à trente injections de 10 millions de cellules chacun) ont été pratiquées lors d'un pontage et, dans cinq cas, elles l'ont été à l'occasion de la pose d'une assistance ventriculaire gauche temporaire, en attente d'un donneur.
Le suivi par IRM et par PET-scan met en évidence, là aussi, une récupération fonctionnelle des zones greffées. De plus, dans les assistances ventriculaires temporaires, les auteurs ont pu observer directement une régénération histologique. Enfin, douze semaines après l'intervention, la fraction d'éjection augmenté de 58 % (passant de 24,6 à 33,2 %).
Au plan de la tolérance, si un décès de cause infectieuse est à déplorer (dans le groupe assistance ventriculaire), aucun trouble du rythme sévère n'a été observé dans la série américaine, note le Pr Dib.
Les Américains ne sont pas les seuls à se lancer dans ces recherches ; une autre équipe rapportant une expérience similaire, avec des résultats comparables : celle de T. Siminiak (Pologne), avec 10 patients suivis pendant six mois.
Les cellules souches de moelle osseuse
Les thérapies cellulaires se développent en utilisant d'autres sources cellulaires, en particulier des cellules souches de la moelle osseuse prélevées sur les patients eux-mêmes. L'équipe du Pr Manuel Galinanes (Leicester, Royaume-Uni) a injecté de telles cellules chez 14 patients présentant une insuffisance cardiaque ischémique, à l'occasion d'un pontage. A partir de la sixième semaine, les auteurs observent une amélioration de la motilité pariétale régionale (à proximité des zones cicatricielles) et globale du ventricule gauche ; cette amélioration persiste pendant au moins dix mois.
Ces premiers résultats encouragent les spécialistes britanniques à poursuivre leurs recherches : analyse de la transformation du tissu cicatriciel et de l'amélioration de fonctions cardiaques, essai d'injection des cellules souches, en dehors d'un pontage...
Une équipe allemande (C. Stamm, Rostock) rapporte également des résultats encourageants, avec des cellules souches médullaires de patients injectés, après purification, chez 10 patients subissant un pontage après un infarctus survenu plus de dix jours mais moins de trois mois avant l'étude avec un recul de huit à douze mois de suivi, les auteurs observent une amélioration de la FEVG mais aussi de la perfusion des zones infarcies.
On le voit, cette recherche visant à utiliser des cellules prélevées et mises en culture pour « réparer » le myocarde non viable se développe et se diversifie, même si les myoblastes prélevés chez les patients restent les plus utilisés.
Cellules médullaires contre artérites des membres
Une autre voie de recherche est l'utilisation de cellules médullaires non pour remplacer le muscle myocardique endommagé mais pour favoriser l'angiogenèse. Ainsi le Pr H. Masaki (Japon) a utilisé des cellules médullaires mononucléées, prélevées au niveau de la crête iliaque de 45 patients présentant une artériopathie des membres sévères (dont 5 malades de Buerger) : la distance de marche sur tapis roulant était de 1,3 minute, la TcO2 de 28 mmHg (normalement W 60mmHg) et 30 patients présentaient des ulcères.
Le Pr H. Masaki a injecté les cellules, après purification, moins de trois heures après le prélèvement, au niveau du mollet (6,8 à 1,8 x 10 puissance 7 cellules par site, au niveau de quarante sites). Les résultats rapportés sont plus qu'encourageants, avec une amélioration de la pression à la cheville chez 31 des patients, un développement de la circulation collatérale observée dans 27 cas, un allongement de la durée de marche sans douleur de 1,3 à 3,6 minutes, une diminution des douleurs au repos chez 37 patients et, enfin, une cicatrisation des ulcères 21 fois sur 30.
Dr A. M.
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