Après implantation d'un greffon vasculaire, le risque d'une colonisation infectieuse tardive (des mois ou des années après) est de 8 % par an. Le germe responsable est le plus souvent un staphylocoque coagulase-négatif. Sur les greffons synthétiques, il forme un biofilm microbien très résistant, aux antibiotiques et aux défenses de l'hôte. La production par les germes de cette couche polysaccharidique est un facteur de virulence.
Le diagnostic de ces infections est difficile car elles restent longtemps silencieuses, ne se révélant qu'à l'occasion d'une complication : rupture de la suture, abcès ou fistules. Jusqu'ici, il n'existait aucun test permettant leur détection précoce.
Des chercheurs italiens, en utilisant les propriétés antigéniques du biofilm sécrété par les staphylocoques (SSPA : staphylococcal slime polysaccharide antigens) ont mis au point un test à la fois spécifique et sensible. Non invasif, « il pourrait être utilisé pour le suivi des patients greffés », affirment-ils dans le « Lancet » qui publie les résultats de leurs travaux.
Le test consiste à mesurer les anticorps sériques dirigés contre la couche polysaccharidique, grâce à la méthode ELISA.
L'antigène SSPA a été obtenu à partir d'une culture de S. epidermitis, extrait, purifié, puis quantifié grâce à une série de manipulations au laboratoire.
Le test a ensuite été utilisé pour mesurer les IgG et les IgM spécifiques de 38 patients infectés tardivement par S. epidermitis. Les résultats ont été comparé à différents groupes de témoins :
- 10 patients greffés et infectés par un autre germe ;
- 16 patients infectés par du staphylocoque mais traités avec succès grâce au remplacement du greffon de 6 à 72 mois avant l'étude ;
- 17 patients greffés de 14 à 18 mois auparavant, sans antécédents d'infection au moment de l'inclusion ;
- 58 contrôles choisis parmi les patients de l'hôpital.
Des IgM sériques significativement plus élevés ont été observés dans le groupe des 38 patients testés que dans les autres groupes. Le test est à la fois sensible et spécifique : pour un seuil de 0,40 ou plus EU (unités ELISA), 97 % des patients sont détectés et le taux de faux-positifs est de 0 %. A 0,35 ou plus EU, la sensibilité passe à 100 % avec 2 % de faux positifs.
Par ailleurs, les résultats suggèrent une baisse rapide du taux des IgM après le remplacement du greffon infecté et une hausse rapide en cas de réinfection.
Selon, les auteurs, d'autres tests de ce type, spécifiques pour chaque germe, pourraient aussi être mis au point.
« Lancet », vol. 359, 22 juin 2002, pp. 2166-2168.
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