CONGRES HEBDO
L'infection à Helicobacter pylori est fréquente chez l'enfant. Son incidence en Europe est de l'ordre de 6 % chez les enfants âgés de 6-16 ans (1) et varie en fonction de son environnement socio-économique et nutritionnel (2). En Afrique, elle peut concerner 46 % des enfants et être supérieure à 75 % dans quelques pays. Des vomissements, une dyspepsie et une douleur aiguë abdominale peuvent être liés à l'infection à H. pylori.
Pas de consensus,
mais des recommandations
L'endoscopie des voies digestives hautes avec biopsies est la méthode d'investigation préférentielle pour poser le diagnostic étiologique de l'infection à Helicobacter pylori chez l'enfant (3). Comme le soulignait le Dr Josette Raymond, face à cet examen invasif, le « Stool Antigen Detection », c'est-à-dire l'identification par des anticorps monoclonaux ou polyclonaux de la présence de l'antigène H. pylori, est un examen prometteur chez l'enfant puisque les taux de sensibilité et de spécificité atteignent 92-98 % et 93-100 % respectivement ; ces taux sont moins satisfaisants chez l'enfant âgé de moins de 6 ans où la sensibilité atteint 67 %.
Les facteurs influençant le succès
thérapeutique
La conduite thérapeutique récemment recommandée chez l'enfant associe un inhibiteur de la sécrétion acide gastrique, habituellement un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), avec deux agents antimicrobiens. En France, on associe à l'IPP, l'amoxicilline avec la clarithromycine ou le métronidazole (4).
Le Dr Nicolas Kallach a récemment montré que la trithérapie sur une semaine permettait d'obtenir un taux d'éradication de 94,7 % (5).
Mais chez les enfants, plusieurs facteurs peuvent intervenir sur le succès thérapeutique : une antibiorésistance primaire à la clarithromycine ou au métronidazole, une résistance potentielle acquise durant le traitement, un niveau de compliance insuffisant de l'enfant à son traitement et la dissémination intrafamiliale de l'infection.
Une étude a été réalisée de 1994 à 1999 afin de déterminer la prévalence de l'apparition de souches résistantes de H. pylori à l'amoxicilline, au métronidazole et à la clarithromycine chez 150 enfants ayant eu une endoscopie avec biopsies, culture gastrique (antibiogramme) et analyse histologique (6). Toutes les souches étaient sensibles à l'amoxicilline, 42 % étaient résistantes au métronidazole et 21 % à la clarithromycine et 9 % étaient résistantes au métronidazole et à la
clarithromycine.
L'analyse de l'évolutivité de l'infection à H. pylori clarithromycine-résistance primaire a été comparée à celle de H. pylori-sensible à la clarithromycine. A six semaines de la fin du traitement, l'éradication était déterminée grâce un test à l'urée négatif.
L'intérêt de la biopsie
L'éradication a été obtenue chez tous les enfants infectés par des souches H. pylori sensibles alors que persistaient toutes les souches résistantes à la clarithromycine (p = 0,0001). Ce qui suggère que l'étude de la sensibilité microbienne aux agents anti-infectieux au cours de la première biopsie-culture gastrique est utile avant d'instaurer le traitement.
(1 Dupont C et al. Rev Prat 2000 Sep. 1 ; 50 (13) : 1437-1441.
(2) Sitas et al. Gut 1991 Jan. ; 32 (1) : 25-28.
(3) Drumm B et al. 2000 J Pediatr Gastroenterol Nutr. 30 (2) : 207-213.
(4) Gold B et al. 2000. H. pylori Infection in Children : Recommandation for Diagnosis and Treatment. J Pediatr Gastroenterol Nutr 31 : 490-497.
(5) Kalach N et al. Clin Microbiol Infect 1999 ; 5 : 235-236.
(6) Nicolas Kallach et al. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2001 février ; 32 (2) : 225-226.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature