Les études d'intervention lors d'un AVC montrent que le pronostic est d'autant meilleur que la prise en charge est précoce et donc que les symptômes sont reconnus tôt. Trop souvent, les patients ne vont pas rechercher suffisamment rapidement une aide appropriée. Un certain nombre de facteurs contribuent au retard du traitement médical. A l'un d'entre eux, un remède peut être apporté : la méconnaissance par le public des symptômes du début d'un AVC.
Il est vrai que la perception par le public des signes d'appel est faible. Selon Sung Sun Yoon et coll., qui ont réalisé des sondages sur la question, entre 23 % et 42 % seulement des personnes interrogées, mises en face des signes de l'AVC, seraient allées aux urgences ou auraient appelé une ambulance.
L'élaboration d'une bonne stratégie d'information et d'éducation nécessite de savoir plus précisément le niveau de connaissance du public. Yoon et coll. (Australie) s'y sont attachés. Ils ont pour ce faire organisé plusieurs groupes de discussion : deux groupes de 14 personnes ayant eu des AVC avec leurs 10 soignants et deux groupes de 11 personnes prises au hasard dans la population générale. Les conversations ont été orientées sur les facteurs de risque, les symptômes, les traitements, les sources d'information et la prévention.
Les résultats montrent que la reconnaissance d'un AVC n'apparaît pas facile aux yeux du public en raison de la variabilité des présentations symptomatiques. Cette perception est partagée autant par les personnes ayant déjà eu un AVC que par les autres. Ils pointent une lacune des informations sources à cet égard.
Tous les groupes ont montré une connaissance équivalente des facteurs de risque, mentionnant le stress, l'HTA, l'âge et le tabagisme.
Migraine, intoxication alimentaire, vertige
En revanche, les patients ayant eu un AVC sont et étaient peu enclins à accepter qu'ils appartiennent à un groupe à risque et refusent en règle générale d'intégrer la maladie dans leur vie. Ils ont révélé avoir confondu leur symptômes avec ceux d'une migraine, d'une intoxication alimentaire ou d'un vertige de Ménière. S'ils sont conscients de la nécessité d'une intervention médicale en urgence en cas d'AVC, seulement 3 % ne la rechercheraient face aux seuls symptômes, sans référence à l'AVC. Ils ont d'ailleurs pour la plupart attendu le lendemain, pensant que cela allait se résoudre seul.
Une fois pris en charge, certains se sont sentis impliqués dans le traitement, d'autres incapables de l'être et d'autres encore auraient souhaité l'être davantage.
Les personnes ont indiqué au cours des discussions que les informations écrites disponibles ne mentionnent pas suffisamment clairement l'importance d'une présentation précoce à l'hôpital en cas d'alerte.
Les informations recueillies dans ces discussions donnent des éléments pratiques pour adapter les messages d'information.
Souligner les bénéfices d'une vie saine
« Le ciblage des populations à risque est important, non seulement pour mieux leur faire connaître les symptômes et les réponses adaptées, mais aussi pour comprendre le rôle des mécanismes de défense et d'adaptation », mentionnent les auteurs. Les stratégies d'éducation doivent souligner les bénéfices d'une vie saine plutôt que les résultats négatifs des attitudes à risque.
Les malades pour leur part souhaiteraient des programmes d'éducation contenant des messages simples et compréhensibles. Et aussi de meilleures informations émanant des équipes soignantes, ce qui apparemment leur a fait défaut.
« British Medical Journal », vol. 324, 4 mai 2002, pp. 1065-1068.
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