Spondylarthrite ankylosante sévère : l'infliximab apporterait une nette amélioration

Publié le 08/04/2002
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« Les rhumatologues seront désormais capables de traiter efficacement les sujets ayant une spondylarthrite sévère », écrivent J. Braun (Berlin) et coll. dans l'article que publie la dernière édition du « Lancet ».

Actuellement, dans la spondylarthrite ankylosante (SPA), on dispose de peu de possibilités thérapeutiques, essentiellement les AINS et la physiothérapie.
On sait qu'un traitement anti-TNF alpha, par l'anticorps monoclonal infliximab, est hautement efficace dans la polyarthrite rhumatoïde. On sait aussi que l'anti-TNF alpha est efficace dans la maladie de Crohn. Or certains patients ayant une maladie de Crohn peuvent développer une SPA et, inversement, certains des patients ayant une SPA idiopathique peuvent déclarer des lésions ressemblant à celles de la maladie de Crohn. Il était donc légitime que s'intéresser au TNF alpha dans la SPA.
En 1995, dans « Arthritis Rheum », l'équipe de Braun a déjà montré, grâce à des biopsies échoguidées, que le TNF alpha est exprimé dans les articulations sacro-iliaques enflammées de patients ayant une SPA. Puis, en 2000, dans la même revue scientifique, elle a publié les résultats d'une petite étude pilote réalisée en ouvert : chez les patients ayant une SPA sévère, l'infliximab semblait apporter un bénéfice clinique.

L'exemple de la maladie de Crohn

Il fallait aller plus loin et conduire une étude multicentrique randomisée contre placebo : c'est ce qu'a fait l'équipe de Braun.
Ce nouveau travail, qui a duré douze semaines, a porté sur 70 patients ayant une SPA sévère. La moitié des patients a reçu des perfusions d'infliximab (5 mg/kg) aux semaines 0, 2 et 6 ; un patient de ce groupe est sorti d'étude. L'autre moitié a reçu un placebo.
L'objectif primaire était une réduction d'activité de la maladie d'au moins 50 %, sur la base de critères cliniques validés : activité proprement dite de la maladie (BASDAI), indice fonctionnel (BASFI), métrologie (BASMI) et qualité de vie (version courte).
Résultat : 18 des 34 (53 %) patients du groupe infliximab ont eu une réduction d'activité de leur maladie d'au moins 50 %, contre seulement 3 (9 %) des 35 patients du groupe placebo (p < 0,0001). L'indice fonctionnel et la qualité de vie se sont également améliorés de façon significative sous infliximab mais pas sous placebo (p < 0,0001 pour les deux critères).
Le traitement par infliximab a été en général bien toléré mais trois patients ont dû arrêter leur traitement en raison : d'une tuberculose systémique, d'une granulomatose allergique ou d'une leucopénie modérée.

Fonction et qualité de vie

« Nos résultats montrent que les patients ayant une spondylarthrite ankylosante active malgré un traitement par AINS répondent favorablement à un traitement immunosuppresseur par infliximab. Plus de la moitié des patients ont eu une amélioration de 50 % de l'index d'activité, contre moins de 10 % dans le groupe placebo », indiquent les auteurs.
Soulignant le bénéfice de l'infliximab également en terme de fonctionnalité et de qualité de vie, ajoutent : « Nos résultats suggèrent que de jeunes patients qui sont malades de façon chronique et partiellement handicapés par la SPA pourraient avoir davantage qu'un traitement palliatif ».
Etant donné « les effets secondaires inhabituels mais potentiellement sérieux » de l'infliximab, les auteurs recommandent d'utiliser ce médicament principalement dans des centres rhumatologiques.

« Lancet » du 6 avril 2002, pp. 1187-1193.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7103