Plusieurs études réalisées dans la population générale ont déjà tenté de mettre en évidence la relation entre la pression artérielle et la céphalée, depuis qu'en 1913 Janeway avait associé la migraine et l'HTA. Certaines montrent qu'il n'existe aucun lien entre les deux affections ; d'autres rapportent une prévalence élevée des céphalées et des migraines chez les hypertendus ; d'autres, encore, concluent à une prévalence supérieure de l'HTA chez les patients atteints de céphalées ou de migraines. Malgré l'avis de l'IHS (International Headache Society), selon lequel une HTA chronique faible à modérée n'entraîne pas de céphalée, la controverse persiste.
Des études contradictoires
Les résultats de la première grande étude prospective sur le sujet, réalisée en Norvège, sont plus surprenants : s'il existe bien une relation entre céphalée et HTA, celle-ci est inversement proportionnelle au degré de l'hypertension.
K. Hagen et coll. se sont appuyés sur deux larges études épidémiologiques pour lesquelles les habitants de plus de 20 ans de la région nord de Trondelag ont été invités à répondre à un questionnaire suivi d'un examen médical. La première (HUNT-1 de 1984 à 1986) a recueilli des données de 77 310 personnes : taille, poids, glycémie, pression artérielle systolique et diastolique (PAS et PAD). Aucune donnée sur la présence ou l'absence de céphalée n'a été enregistrée, mais 41 581 ont affirmé ne jamais prendre d'analgésiques et ont été considérés comme non-céphalalgiques et non-migraineux. Les résultats de l'étude prospective proprement dite concerne les 22 680 d'entre eux qui ont participé à la deuxième étude (HUNT-2). Comme pour les 51 326 personnes de cette deuxième partie du recueil épidémiologique, ils ont été interrogés sur la présence ou non d'une céphalée et d'une migraine et leur TA a été mesurée.
Un risque diminué de 30 %
L'analyse des données révèle que, dans toutes les tranches d'âge, les patients dont la PAS est supérieure ou égale à 150 mmHg ont un risque de céphalée non migraineuse plus faible de 30 % que ceux dont la PAS est inférieure à 140 mmHg. De même, ce risque diminue avec l'augmentation de la PAD. Ces résultats sont indépendants du sexe ou de la prise d'anti-hypertenseurs.
Cette association inverse entre HTA et céphalée non migraineuse pourrait s'expliquer, d'après les auteurs, par une hypoalgésie dont le mécanisme passerait par les barorécepteurs cérébraux et les récepteurs nociceptifs du tronc cérébral et de la moelle épinière.
Enfin, les auteurs n'ont observé aucune corrélation significative entre TA et migraine.
« Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry », novembre 2002, 72, pp. 463-466.
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