Environ 40 % des diabétiques français de type 2 sont mal contrôlés sous un traitement médicamenteux oral devenu insuffisant, et seulement 10 % d'entre eux sont traités par l'insuline, constate le Pr Bernard Charbonnel (Nantes). Or les diabètes mal contrôlés sont à haut risque de complications.
On le conçoit, le diabète ne peut être traité efficacement que si tous les membres de l'équipe travaillent en étroite liaison et si le patient lui-même prend en charge sa maladie, en termes de régime, d'activité physique et de traitement. L'accent est donc mis sur le réseau de soutien des diabétiques dont la vie est astreignante.
Afin de mieux connaître la façon dont les patients et les professionnels de santé interagissent, le Laboratoire Novo Nordisk a conçu l'étude DAWN.
Une étude dans treize pays
Les principaux objectifs de cette étude internationale de grande envergure étaient d'identifier les points à améliorer dans la prise en charge du diabète et identifier les principales barrières psychosociales pouvant s'opposer à une auto-prise en charge efficace de la maladie par le patient.
Supervisée par un comité international d'experts sous la présidence du Pr George Alberti (International Diabetes Federation), elle a été menée au milieu de l'année 2001 dans treize pays (Allemagne, Australie, Danemark, Espagne, Etats-Unis, France, Inde, Japon, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni et Suède). Ainsi, 5 426 patients diabétiques adultes (pour moitié de diabétiques de type 1 et pour moitié de type 2), 2 194 médecins généralistes, 556 spécialistes et 1 122 infirmières ont été interrogés.
Les résultats globaux au niveau mondial confirment que les patients bénéficiant du soutien social et affectif gèrent mieux leur maladie. Ce qui suggère que l'on peut améliorer l'évolution du diabète en combinant le traitement médical approprié avec la prise en charge psychosociale spécifique.
A noter dans cette étude, qu'un tiers des patients interrogés disent ressentir un mal-être, et seuls 10 % des patients ont eu un sentiment de bien-être. En outre, moins de la moitié des professionnels de santé se sentent capables d'évaluer les besoins psychologiques des patients. Il est admis que les problèmes psychologiques liés à l'annonce du diagnostic du diabète, l'anxiété ressentie devant la perspective de devoir vivre avec le diabète toute la vie, voire la dépression, influencent les comportements du patient diabétique et sa capacité d'assurer le contrôle de sa glycémie de façon optimale.
Concernant l'analyse comparative des attitudes et des représentations des patients et des soignants français par rapport à la moyenne « européenne », il en ressort qu'en France les diabétiques sont plus anxieux que leurs homologues européens : 58 % des diabétiques de type 1 et 48 % de type 2, contre 36 % et 33 % avouent : « Le diabète me limite dans ma vie. »
Les diabétiques français sont les plus anxieux
L'aggravation de la pathologie est la première source d'inquiétude et le passage à l'insuline est vécu de manière très négative : 73 % des diabétiques de type 2 français contre 63 % des européens disent : « Je suis inquiet à l'idée de passer à l'insuline. » A ce propos, le Pr B. Charbonnel rappelle que le risque d'hypoglycémie est rare dans le diabète de type 2, et que les patients qui ont franchi le seuil psycho-symbolique du passage à l'insuline se sentent mieux et moins fatigables.
L'étude DAWN montre aussi que les patients français sont plus individualistes et moins impliqués dans les activités associatives et collectives que les européens. Quant aux professionnels de santé, ils observent un accès aux services non médicaux plus difficile en France que dans les autres pays. L'accès aux soins en France est supérieur à ce qu'il est en Europe, et les relations médecins-patients sont bonnes.
La durée moyenne d'une consultation est plus longue en France : 20,6 min pour les généralistes français (16 min pour les européens), 28,3 min pour les spécialistes français (18,6 min pour les européens).
Enfin, pour tous les professionnels de santé français, il est indispensable de renforcer les efforts de prévention du diabète de type 2 et d'améliorer le fonctionnement des équipes de soins. Ce qui passe par une meilleure formation, par davantage de temps consacré au patient et par une meilleure communication et coordination entre les différents acteurs de soins (médecins généralistes, diabétologues, paramédicaux).
La consultation plus longue en France
Bref, l'étude DAWN révèle certaines faiblesses de la prise en charge du diabète en France, même si celle-ci reste globalement de bon niveau. Ainsi, un certain nombre d'améliorations devraient être apportées : un renforcement du suivi psychologique des patients, et de l'éducation pour amener le patient à devenir acteur et responsable ; un accès plus facile des diabétiques à tous les soins paramédicaux (diététicienne, podologue, infirmière spécialisée) ; un effort d'information dédramatisé sur l'évolution de la pathologie et sur les traitements ; et un rôle plus actif des associations, lesquelles constituent un autre facteur de soutien des patients.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire Novo Nordisk et le Comité d'experts français, composé des responsables des principales associations de professionnels de santé et de patients diabétiques.
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