De notre correspondante
à New York
« Sur la base de cette étude, concluent dans un éditorial les Drs Goodnough et Bach (Washington University School of Medicine, Saint Louis, Missouri), nous recommandons que le taux d'hématocrite soit maintenu au-dessus de 33 % chez les patients qui présentent un infarctus du myocarde aigu. »
L'anémie est fréquente chez les sujets âgés. Ainsi, on l'observe chez 24 à 40 % des plus de 65 ans hospitalisés. Elle pourrait être particulièrement néfaste chez les patients porteurs d'une coronaropathie. Toutefois, on ne sait pas bien quel est le bénéfice de la transfusion sanguine au cours d'un infarctus du myocarde, chez les sujets atteints d'anémie à divers degrés. Plus précisément, aucune étude n'a établi à quel seuil d'anémie de tels patients devraient être transfusés.
Une étude de Wu et coll. (Yale University School of Medicine, New Haven) apporte de nouvelles informations importantes sur la relation entre l'anémie, la transfusion sanguine et la mortalité.
Wu et coll. ont étudié rétrospectivement les données portant sur près de 79 000 bénéficiaires du Medicare, âgés de plus de 65 ans, qui ont été hospitalisés pour un infarctus du myocarde aigu aux Etats-Unis entre janvier 1994 et février 1995 (sous-cohorte du Cooperative Cardiovascular Project).
7 groupes de patients à l'admission
Les investigateurs ont classé les patients dans 7 groupes selon l'hématocrite à l'admission (5-24 %, 24,1-27 %, 27,1-30 %, 30,1-33 %, 33,1-36 %, 36,1-39 %, 39,1-48 %). Puis ils ont évalué les données afin de déterminer l'existence d'une association entre le recours à la transfusion et la mortalité à 30 jours.
Les observations sont frappantes. Premièrement, de plus faibles hématocrites à l'admission sont associés à des taux de mortalité, à 30 jours, plus élevés. Ainsi, par exemple, la mortalité chez les patients qui ont un hématocrite inférieur ou égal à 27 % et ne sont pas transfusés s'approche de 50 %, soit presque trois fois plus élevée que chez ceux qui ont un hématocrite normal (> 39 %).
Deuxièmement, une anémie (définie ici par un hématocrite < 39 %) est trouvée à l'admission chez près de la moitié des patients (43,4 %), elle est cliniquement importante chez 10 % des patients (hématocrite < 33 %). Toutefois, la transfusion est sous-utilisée puisque seulement 24 % des patients qui ont une anémie cliniquement importante (hématocrite < 33 %) ont été transfusés.
Hématocrite inférieur ou égal à 33 %
Troisièmement, le plus important, la transfusion sanguine est associée à une mortalité à 30 jours significativement plus faible chez les patients qui ont un hématocrite inférieur ou égal à 33 %. Elle n'est pas bénéfique chez les patients qui ont un hématocrite supérieur à 33 %.
« Malgré les limitations de l'étude, Wu et coll. apportent des informations précieuses pour les cliniciens », déclarent les deux éditorialistes, les Drs Goodnough et Bach. « En l'absence de données prospectives et de données contraires, les observations actuelles indiquent qu'un nombre important de vies pourraient être sauvées si les transfusions sanguines sont administrées aux patients qui présentent un infarctus du myocarde aigu et un hématocrite inférieur ou égal à 33 %. »
« New England Journal of Medicine », 25 octobre 2001, pp. 1230 et 1272.
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