L 'IMPACT de l'environnement intra-utérin sur le développement postnatal et sur l'incidence de certaines affections à l'âge adulte a été bien établi chez l'animal. En revanche, chez l'homme, le lien entre ces différentes données est encore mal connu. Des publications ont déjà fait état de l'influence de variables anthropométriques à la naissance et au cours de la petite enfance sur le développement de certains facteurs de risque cardio-vasculaires à l'âge adulte - hypertension artérielle, diabète, par exemple et sur l'incidence des affections coronariennes.
L'une des associations les mieux étudiées est celle qui lie le poids de naissance et la pression artérielle à l'âge adulte. Pourtant, le lien entre ces différentes données reste encore difficile a établir formellement. C'est pour cette raison que de grandes études cliniques ont été mises en place, afin de mieux préciser l'influence du poids de naissance sur certains facteurs de risque cardio-vasculaires à l'âge adulte.
Le poids était compris entre 500 g et 3 kg
L'équipe du Dr Gordon Smith (Edinbourgh) a choisi d'effectuer un suivi sur une cohorte de 129 290 mères ayant donné naissance à un premier enfant entre 1981 et 1985 en Ecosse. Parmi les naissances, 26 110 ont concerné un enfant dont le poids était compris entre 500 g et 3 kg. Les investigateurs ont suivi cliniquement les mères pendant quinze à dix-neuf ans et ils se sont attachés à préciser l'incidence des décès, qu'elle qu'en soit l'origine, des décès d'origine cardio-vasculaire et des hospitalisations liées à ce type d'affection. « Le risque de maladies cardio-vasculaires d'origine ischémique était majoré chez les mères ayant donné naissance à un enfant de petit poids, à un prématuré et chez celles qui ont souffert d'une prééclampsie, ces trois facteurs influant de manière additive les uns sur les autres », expliquent les auteurs.
Dans un éditorial, le Dr Neil Poulter (Londres) précise que « ces résultats sont compatibles avec ceux des études déjà publiées sur le sujet ». Néanmoins, il souligne que « cette étude pourrait être biaisée par le choix d'une cohorte de femmes ayant donné naissance exclusivement à un premier enfant, par l'absence de protocoles de mesure du poids de naissance des enfants et par l'absence de données sur le suivi postnatal des mères ». Enfin, il explique que le tabagisme et la consommation d'alcool des mères n'ont pas été pris en compte en dépit de leur influence sur le devenir cardio-vasculaire. Pour le Dr Smith, « certains facteurs génétiques relativement communs entraînant à la fois un risque d'hypotrophie foetale et de maladies cardio-vasculaires - mutations génétiques sur les gènes des protéines G, de la glucokinase, de l'angiotensine ou des facteurs de la coagulation - pourraient influer de façon significative sur ces deux données ».
Une autre équipe, celle du Dr Anna Hübinette (Stockholm, Suède), a choisi d'étudier le devenir cardio-vasculaire de jumeaux, en raison de leur environnement intra-utérin commun. Les médecins ont étudié certaines valeurs anthropométriques chez des paires de jumeaux dont l'un a été victime, à l'âge adulte, d'un infarctus du myocarde. Ils ont choisi comme témoins pour leur étude les jumeaux indemnes d'affection cardiaque et d'autres paires de jumeaux non atteints.
40% de jumeaux monozygotes
« Sur les 132 paires de jumeaux discordants, seuls 40 % étaient monozygotiques. Or, pour établir une comparaison statistique stricte, il aurait fallu que ce nombre soit au moins de 100 », analysent les auteurs. Dans cette étude, en raison de la faible puissance statistique, aucune différence en matière de critères antropométriques à la naissance n'a pu être mise en évidence entre les deux groupes. Pour les investigateurs, « seule une étude de plus grande envergure permettra d'établir de façon plus formelle le lien entre certaines caractéristiques familiales (génétiques et environnementales) et l'incidence des maladies cardio-vasculaires ».
« The Lancet », vol. 357, pp. 1990-1991, 1997-2001 et 2002-2006, 23 juin 2001.
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