La vitamine D pourrait jouer un rôle dans la prévention du cancer colique

Publié le 28/05/2001
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U NE étude prospective publiée en 1989 montrait qu'à une faible consommation alimentaire de vitamine D est associé un risque augmenté de cancer colique (« Lancet », 1989 ; 2 : 1176-78). Il a été trouvé, en parallèle, que la mortalité par cancer colique aux Etats-Unis est plus élevée dans les régions les moins ensoleillées. Réciproquement, le risque pour ce cancer est divisé par un facteur trois chez les personnes ayant un taux de 25-dihydroxyvitamine D (25-2OH vit D) supérieur à 20 microg/ml. Et une publication, l'an dernier, indiquait que la prolifération des cellules coliques chez les patients à risque pour ce cancer, pourrait être réduite par des taux élevés de 25-2OH vit D (Holt et coll., « Gastroenterology », 2000 ; 118 : A276).

La forme active de la vitamine D, la 25-2OH vit D, est produite après conversion de la 25-0H vit D, par une enzyme (1 alpha-25-OH-hydroxylase).
La conversion enzymatique se produit essentiellement dans le rein, mais l'enzyme est trouvée dans les macrophages activés, la peau et la prostate. L'exposition à la lumière solaire n'augmente pas la production rénale de la 25-2OH vit D, aussi par quel moyen la protection solaire intervient-elle, se sont demandés Vin Tangpricha et coll. ? Ils ont recherché par PCR la 1 alpha-hydroxylase au niveau de tissus coliques humains normaux (5 personnes) et cancéreux (3 personnes). Et trouvé son expression dans tous les échantillons testés.

Régulation autocrine ou paracrine

« Notre découverte suggère que la conversion d'une forme non active de la vitamine D vers une forme active pourrait être réalisée au niveau du côlon. Il pourrait s'agir d'une forme de régulation autocrine ou paracrine contenant la prolifération cellulaire dans les limites de la normale », postulent les auteurs.
L'exposition aux rayons ultraviolets augmente les concentrations circulantes de 25-OH vit D, sans affecter significativement celles de la 25-2OH vit D. Des concentrations élevées de 25-OH vit D pourraient être nécessaires pour que la production locale colique soit maximale et une carence en cette vitamine pourrait accélérer la prolifération cellulaire par défaut du précurseur du facteur inhibiteur représenté par la 25-2OH vit D.
L'effet protecteur de l'ensoleillement contre le cancer colo-rectal pourrait être médié par la production de vitamine D in situ, au niveau colique, conclut l'étude.

« Lancet », vol. 357, 26 mai 2001, pp. 1673-1674.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6925