L ES raisons de proposer une « prescription diététique » dans la prévention cardio-vasculaire sont multiples : tout d'abord, les mesures d'ordre alimentaire ont fait la preuve de leur efficacité en prévention primaire et secondaire. Leur impact dépasse la simple baisse du LDL-C et concerne d'autres facteurs de risque. En outre, certains nutriments semblent bien avoir des effets pléïotropes. De plus, le bénéfice de la diététique est complémentaire et synergigue de l'action des médicaments. Enfin le coût de ce type d'intervention est réduit, point important du fait du très grand nombre de personnes concernées.
L'impact positif de la diététique apparaît dans différentes études, dont certaines ont fait date. La Lyon Heart Study a montré le bénéfice très significatif à cinq ans (p = 0,0001) d'un régime de type méditerranéen (comportant une forte consommation de fruits et de légumes, de poisson et de graisses polyinsaturées enrichies en acide gras n-3) en prévention secondaire.
L'action large de la diététique
La réduction du risque était plus importante que ne l'aurait laissé supposer la baisse modérée du cholestérol consécutive au régime. Les effets positifs des acides gras n-3, également mis en évidence dans l'étude GISSI, pourraient expliquer une partie du bénéfice supplémentaire, par le biais d'une action antithrombotique et antiarythmique.
La réduction des lipides alimentaires, favorable au contrôle du poids, est un autre élément positif du régime. Enfin, la consommation de fruits et de légumes, riches en fibres et en antioxydants, a certainement, en plus de son effet sur le cholestérol, un effet propre. La Nurse Study a mis en évidence un lien entre la consommation de fibres et la protection vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires.
Le conseil diététique porte tout spécialement sur les lipides alimentaires. La réduction des acides gras saturés (AGS) est une priorité : ces acides gras sont tenus pour responsables de l'augmentation du LDL-C, d'une élévation du risque de thrombose, et ils favorisent l'adhésion de monocytes (in vitro). Si on diminue la part des AGS en augmentant celle des acides gras polyinsaturés ou monoinsaturés, on améliore significativement le rapport cholestérol total/HDL-C. L'apport en acides gras essentiels, n-6 et surtout n-3, doit être encouragé. Le rapport idéal entre ces deux AGPI n-6/n-3 est estimé à 5, situation rarement atteinte, du fait d'une sous-consommation des n-3. La réduction du cholestérol alimentaire est souhaitable, mais son impact est variable selon les individus.
La place des phytostérols
Une place particulière doit être faite dans la prescription diététique de la prévention cardio-vasculaire aux phytostérols. Il s'agit en effet de substances végétales de structure voisine du cholestérol, qui s'opposent à l'absorption intestinale du cholestérol. Les phytostérols sont naturellement présents dans l'alimentation, mais en quantité insuffisante pour avoir un effet hypocholestérolémiant. Le mérite de la recherche Unilever a été de parvenir à incorporer dans une margarine des phytostérols estérifiés ; puis à démontrer la parfaite innocuité de cette margarine enrichie (à 8 % de phytostérols) et son efficacité à baisser significativement le LDL-C : la consommation de 20 g par jour de Proactiv (correspondant à 1,6 g de phytostérols) permet une baisse de 10 à 15 % du LDL-C. « Proactiv entre dans le cadre du conseil diététique et son bénéfice s'ajoute à celui des autres mesures nutritionnelles, a précisé Valérie Busson (communication scientifique Fruit d'Or Recherche). De même, son action hypocholestérolémiante s'ajoute à celle d'un traitement pharmacologique. Proactiv est le premier véritable aliment fonctionnel sur le marché des corps gras. Ce produit a obtenu l'approbation de la DGCCRF sur avis favorable du conseil supérieur d'hygiène publique (AFSSA), ainsi que la caution de la Novel Food pour l'Union européenne. »
Les cinq doigts de la main
Reste que, pour être durablement suivie, la prescription diététique doit être simple. Ce qui a incité le Pr Eric Bruckert à proposer à ses patients d'observer les règles suivantes, tenant sur les cinq doigts d'une main : 1 - pas un repas sans fruits ou légumes ; 2 - deux laitages maigres par jour ; 3 - du poisson trois fois par semaine ; 4 - quatre portions de céréales par jour ; 5 - pas plus de cinq cuillerées à café de matière grasse par jour.
Enfin, il convient de rappeler que la diététique s'inscrit dans une stratégie préventive plus large, incluant la prise en compte de tous les facteurs de risque, dont le tabagisme, la sédentarité, l'HTA, etc.
Symposium organisé par Fruit d'Or Recherche (Unilever).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature