Une ligne a été ajoutée sur le compte LinkedIn de Guillaume Ducolomb. Il est désormais « directeur des centres hospitaliers d’Orange, de Valréas et des Ehpad de Bollène et Piolenc », après sept ans passés à la tête du groupement hospitalier de territoire (GHT) Jura Sud, qui concentre notamment l’hôpital de Lons le Saunier, de Champagnole et le centre hospitalier intercommunal d’Orgelet, Arinthod et Saint Julien.
Dans une publication sur le réseau social, il remercie ses anciens collaborateurs jurassiens : « personnels, collaborateurs, organisations syndicales, représentants des usagers, élus et ARS avec qui nous avons relevé de nombreux challenges et notamment conduit deux projets d’établissements au service de la population ». Mais le directeur fraîchement nommé dans le Vaucluse se garde bien de préciser les raisons de son départ. Dans une enquête du Progrès, des personnels de l’hôpital jurassien l’accusent d’« humiliations », de « colères », d’« abus d’autorité », de « maltraitance » ainsi que d’« insultes ». Le 20 mars, il est mis en examen pour « harcèlement moral au travail » et placé sous contrôle judiciaire, selon la procureure de la République de Lons-le-Saunier.
Cette dernière, Julie Fergane-Tauzy, précise dans un communiqué que Guillaume Ducolomb a l’interdiction « d’exercer l’activité de directeur d’hôpital », « d’entrer en contact avec les plaignants » et de « se rendre dans les établissements des centres hospitaliers Jura Sud ». II était également soumis à une obligation de soins.
Lors d’un appel, son avocat, Me Jean-Baptiste Euvrard, a obtenu un allègement de son contrôle judiciaire. Il n’est désormais plus obligé de consulter pour des soins psychologiques et l’interdiction d'exercer en tant que directeur d’hôpital a été levée, sauf pour les établissements en Bourgogne-Franche-Comté.
Présumé innocent
Le Centre national de gestion (CNG, en charge des carrières hospitalières) a alors nommé Guillaume Ducolomb, plus au Sud, dans le Vaucluse. L’établissement public, sous la tutelle du ministère de la Santé, s’en explique par la voix de sa directrice générale, Marie-Noëlle Gérain-Breusard. « Le dossier est entre les mains de la justice, il est présumé innocent à ce stade, rappelle-t-elle au Quotidien. Juridiquement, rien ne lui interdit de postuler à une offre d’emploi ». Ce fonctionnaire, passé par les HCL et les Hôpitaux Nord-Ouest de Lyon en tant que directeur adjoint, a fait partie des neuf postulants à cette offre et a finalement été retenu. « Quand il y aura décision de justice, nous aviserons », promet Marie-Noëlle Gérain-Breusard. Pour l’heure, il s’agit d’une simple « mobilité ».
Mais pour Me Marjorie Weiermann, avocate des trois plaignantes qui attendent toujours un procès, « le dossier est accablant », martèle-t-elle auprès du Progrès. L’avocat de Guillaume Ducolomb a déposé une requête en annulation de la procédure, qui devrait être étudiée fin décembre par la cour d’appel de Dijon.
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