La France au 2e rang
Avec 58 millions d'animaux de compagnie, la France arrive au 2e rang, après les Etats-Unis (110 millions). Plus de la moitié des familles françaises et 60 % des familles américaines en possèdent. Les animaux familiers les plus fréquents sont les chats et les chiens qui peuvent contaminer l'homme de façon directe ou indirecte (tableau I) avec des helminthes, des protozoaires, des arthropodes ou des dermatophytes (tableau II). Mais la mode actuelle consiste à transformer de nombreux animaux sauvages en animal de compagnie (voir seconde partie à paraître). Toute morsure ou griffure de ces animaux peut entraîner un tétanos, d'où l'importance d'être à jour de ce vaccin pour les personnes s'occupant d'animaux. Les affections transmises par ces animaux sont donc très variées, se manifestant par divers symptômes (tableau III).
Chiens
Il y a environ 8,5 millions de chiens en France. Le chien peut contaminer son entourage humain de façon directe (rage, mycose) ou indirecte (terre, ectoparasites).
Les morsures (1 million par an aux Etats-Unis) par jeu ou par défense nécessitent une désinfection soigneuse (car la plaie est très septique) sans suture pour ne pas « introduire » malencontreusement les germes profondément dans le derme, avec des risques d'abcès.
La rage est toujours un risque potentiel dans de nombreux pays, mais n'existe plus en France. En cas d'exposition au risque, lors de voyages aventureux en pays d'endémie, la vaccination antirabique est recommandée chez l'homme (trois injections à J0, J7, J21), avec un rappel à un an et tous les cinq ans. Cependant, la vaccination ne dispense pas d'une vaccination curative après une morsure par un animal enragé. Tout chien voyageant en Europe doit être vacciné contre la rage (réglementation européenne 998/2003). Les chiens de prairie porteurs éventuels de peste bubonique sont interdits d'importation. Les furets, devenus très à la mode, sont des vecteurs potentiels de rage. Les mycoses cutanées sont une autre possibilité de contamination directe lors de contacts rapprochés avec un chien porteur de plaques cutanées d'alopécie. Ces dermatophytes se manifestent par des plaques érythémato-squameuses et desquamantes en périphérie (herpès circiné), dues à Microsporum canis. L'application d'antifongiques locaux suffit habituellement à faire disparaître les lésions. Par ailleurs, le chien peut être porteur de parasites intestinaux qu'il élimine avec ses excréments dans la nature. S'il s'agit d'ankylostomes (A.caninun, A.braziliense), les larves vont traverser la peau des personnes qui marchent pieds nus dans la terre ou le sable des plages, et provoquer des sillons cutanés érythémateux prurigineux : Larva migrans cutanée.
Le jeune chiot est souvent porteur d'ascaris (Toxocara canis) dont les oeufs sont éliminés avec les excréments. L'ingestion de ces oeufs par l'homme ne va pas permettre la poursuite du cycle évolutif de ce parasite non adapté à l'homme. Mais les larves vont errer dans différents organes (foie, poumon, oeil) provoquant une pathologie parfois assez marquée correspondant à l'organe atteint. Le syndrome Larva migrans viscérale est souvent marqué par une asthénie, une fièvre, une hépato-splénomégalie et parfois un syndrome pulmonaire. Le diagnostic ne peut être que sérologique.
Plus grave est l'ingestion d'embryophores d' Echinococcus granulosus, ou tænia du chien, avec les crudités, ou directement en jouant ou en embrassant les chiens (enfants). Ce tænia reste chez l'homme à l'état larvaire et se développe sous forme de masse liquidienne (kyste hydatique) dans le foie, le poumon ou divers organes. Le traitement en est l'ablation chirurgicale. De façon exceptionnelle, dans l'est de la France, le chien peut être porteur du tænia du renard (Echinococcus multilocularis), responsable de l'échinococcose alvéolaire, de mauvais pronostic, le seul traitement en étant la greffe de foie.
En outre, le chien peut être porteur d'ectoparasites qui sont d'éventuels vecteurs, comme les puces porteuses d'un tænia (Dipylidium caninum), ou les tiques vectrices de rickettsioses. Enfin, dans le sud-est de la France, le chien peut être le réservoir de leishmaniose, transmise par un diptère, le phlébotome. La leishmaniose viscérale ou kala-azar se manifeste par une asthénie intense, une pâleur «vieille cire» et une hépato-splénomégalie. Le diagnostic est établi par la mise en évidence des parasites sur le myélogramme.
Chats
Il y a plus de 9 millions de chats en France. De même que le chien, le chat peut être porteur de mycoses (Microsporum) provoquant par contact direct des dermatomycoses chez l'enfant. Il faut naturellement traiter l'enfant atteint, mais aussi le chat. Les chats sont responsables de 3 à 15 % des morsures animales, ces plaies s'infectant très rapidement.
Il peut être aussi porteur de gale ou de puces qui passent chez l'homme. Outre les « allergies » au poil de chat (en fait allergie à la salive du chat répandue sur le pelage), les griffures sont responsables de la lympho-réticulose bénigne d'inoculation (ou maladie des griffes du chat) provoquant une polyadénopathie satellite de la région griffée. Les antibiotiques sont utiles pendant trois semaines.
En outre, le chat élimine dans ses excréments des oeufs de Toxocara cati, que l'homme ingère avec les crudités, provoquant la toxocarose ou Larva migrans viscérale. Le parasite le plus connu dont le chat est le réservoir est le toxoplasme. Les oocystes sont éliminés avec les selles et l'homme s'infeste par ingestion soit de crudités contaminées par les excréments du chat, soit de viande peu cuite d'un herbivore (en particulier du mouton) porteur de kystes.
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