Au cours du congrès Infogyn (Tarbes, 8-9 octobre) et des Journées européennes de la Société française de gynécologie (Paris, 13-16 octobre) les dernières évolutions concernant la contraception d’urgence ont été évoquées. Le traitement hormonal substitutif, aujourd’hui à l’heure du bilan, a été également au cœur des débats.
À chacune sa contraception d’urgence
Ulipristal acétate, lévonorgestrel, dispositif intra-utérin… L’offre de contraception d’urgence est aujourd’hui variée. Mais quelle est l’efficacité de chacune de ces méthodes ? Tout d’abord, la pose d’un dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre est la méthode de contraception d’urgence la plus efficace : moins de 0,2 % de grossesse - soit 2 grossesses pour 1 000 utilisatrices - quel que soit le moment du cycle. De plus, il est possible de poser le DIU jusqu’à 5 jours après le rapport non protégé et il sert ensuite de contraception permanente.
Quant au lévonorgestrel, qui doit être pris per os dans les 3 jours, le taux de succès dans les 24 h après le rapport sexuel non protégé est de 95 %, soit 5 grossesses pour 100 femmes traitées. Mais l’efficacité de cette méthode diminue après 24 h. Elle est de 85 % s’il est pris dans les 25-48h et de 58 % s’il est pris dans les 49-72h.
Enfin, l’ulipristal acétate peut être administré per os dans les 5 jours. Selon une récente étude (Anna Glasier, The Lancet), son efficacité n’est pas inférieure au lévonorgestrel les trois premiers jours, avec une efficacité supplémentaire sur les 2 jours suivants. Pris dans les 5 jours, il permettrait globalement d’éviter environ trois cinquièmes des grossesses attendues, soit 2,1 grossesses pour 100 femmes.
Le lévonorgestrel en vente libre: attention aux abus de prises
Outre leur efficacité, les modes d’accès à ces méthodes diffèrent. Norlevo® est en vente libre en pharmacie, et remboursé sur ordonnance (gratuit pour les mineures). Le médicament a donc l’avantage d’être accessible, mais d’un autre côté, certaines jeunes femmes ont tendance à y avoir recours un peu trop souvent, voire plusieurs fois par cycle. “Cette attitude ne présente aucune dangerosité, si ce n’est des dysovulations ou des métrorragies”, explique le Dr Brigitte Letombe (gynécologue, hôpital Jeanne de Flandres, Lille). En revanche, elles s’exposent à un risque de grossesse certain! En répétant les prises de contraception d’urgence, dont l’efficacité n’est pas de 100 %, elles finiront un jour ou l’autre par tomber enceintes ». Norlevo® ne peut en aucun cas remplacer une contraception régulière : « il importe de faire passer le message aux jeunes femmes lors de leurs premières consultations en gynécologie », martèle Brigitte Letombe.
Ulipristal acétate : ne pas prescrire dans l’urgence!
De son côté, Ellaone® n’est disponible que sur ordonnance et est remboursé à 65 % depuis septembre dernier. “C’est un inconvénient pour les femmes - qui doivent se rendre au cabinet médical - mais nous devons le transformer en avantage” commente le Dr Christian Jamin* (gynécologue, Paris). Dans l’idéal, la contraception d’urgence ne doit pas se prescrire dans l’urgence. « Lors des consultations de gynécologie, faut aborder le sujet. Et surtout, ne jamais laisser une femme susceptible d’y avoir recours partir sans une ordonnance d’Ellaone®, prévient le Dr Jamin. Ces femmes, ce sont celles qui, lorsqu’on leur pose la question « que feriez-vous si vous étiez enceinte ? ou « comment vivriez-vous une grossesse aujourd’hui ? » répondent qu’elles ne poursuivraient pas leur grossesse ou la vivraient mal ».
Le DIU, un recours anecdotique
Enfin, si le DIU est la méthode la plus efficace, il est en revanche très peu utilisé en France. « D’une part, par crainte du risque infectieux et d’autre part, parce que les gynécologues ont – à juste titre - des réticences à poser un stérilet dans la précipitation, chez des femmes qu’ils ne suivent pas régulièrement », évoque Brigitte Letombe. En outre, la contraception d’urgence par stérilet peut poser un problème d’ordre psychologique, étant donné qu’il agit probablement en empêchant l’implantation d’un œuf fécondé.