ON NE GUÉRIT pas d'une hépatite chronique B, l'éradication complète du virus n'est que très rarement obtenue en raison de ses caractéristiques (très longue persistance de l'ADN superenroulé intra-hépatique et des formes intégrées d'ADN viral dans l'ADN chromosomique de l'hôte).
L'objectif principal du traitement est donc de supprimer la multiplication virale (négativation de l'ADN du VHB dans le sérum), de réduire l'activité nécrotico-inflammatoire et ainsi d'éviter la progression de la maladie vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire.
«On dispose aujourd'hui de deux grands types de traitements anti-VHB: les immunomodulateurs (interféron alpha et interféron pegylé) et les antiviraux oraux (analogues nucléosidiques et nucléotidiques) », précise le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon, Paris).
Les interférons augmentent les taux de cytokines, protéines qui stimulent la réponse immunitaire à l'infection et peuvent, chez certains patients, inhiber la réplication virale, réduire les taux d'ADN du VHB et entraîner la production d'anticorps anti-HBs.
Mais ce résultat est habituellement temporaire (de 4 à 6 mois). De 30 à 40 % seulement des patients y répondent de façon durable ; par ailleurs, les effets secondaires peuvent conduire à l'arrêt du traitement.
En inhibant la réplication virale.
Les analogues nucléosiques ou nucléotidiques (lamivudine, adénofir) agissent principalement en inhibant la réplication virale. Ces médicaments ont une efficacité antivirale démontrée, ils sont le plus souvent bien tolérés et peuvent être administrés au long cours. Cependant, un traitement prolongé expose au risque de survenue de résistances, le VHB devient résistant aux antiviraux de façon relativement fréquente en raison de la très longue persistance du génome viral dans les cellules infectées et du taux élevé de mutations spontanées.
L'association d'analogues (nucléosidiques et nucléotidiques) ou l'addition précoce d'une seconde molécule antivirale, en cas d'inhibition insuffisante, permet de limiter le risque de résistance.
Le ténofovir disoproxil, commercialisé sous le nom de Viread par le Laboratoire Gilead, est indiqué depuis plusieurs années, en association avec d'autres antiviraux, dans le traitement de malades infectés par le VIH et ne répondant pas aux autres traitements.
Cet analogue nucléotidique, apparenté à l'adénofir, agit en inhibant l'ADN polymérase, enzyme nécessaire à la réplication du VHB dans les cellules hépatiques. Il s'est révélé efficace en réduisant la multiplication du VHB chez les patients coïnfectés par le VIH et le VHB.
Gilead vient de recevoir de la Commission européenne une autorisation de mise sur le marché pour Viread (fumarate de ténofovir disoproxil) en traitement de l'hépatite B chronique dans les 27 États membres de l'Union européenne.
Les données de deux essais cliniques pivots.
L'AMM accordée repose principalement sur les données de deux essais cliniques pivots de phase III, (essais 102 et 103) qui ont évalué sur 240 semaines le traitement par Viread (un comprimé par jour) chez des patients atteints d'hépatite B chronique : forme HBeAg-négative et HBeAg-positive respectivement.
Le critère de réponse virologique était fixé à une charge virale (ADN) inférieure à 400 copies/ml.
Les 375 patients de l'étude 102 et les 266 patients de l'essai 103 ont été randomisés (2 : 1) en double aveugle pour recevoir Viread ou de l'adéfovir dipivoxil. Dans les deux études, après 48 semaines révolues de thérapies aléatoires en aveugle, Viread se révélant d'une efficacité supérieure au comparateur a été proposé en monothérapie ouverte à tous les patients éligibles.
Les données relevées à 72 semaines ont démontré que la majorité des patients de chaque étude choisis à l'origine de manière aléatoire pour recevoir Viread présentait une réponse virologique soutenue (91 % dans l'étude 102, contre 79 % pour l'étude 103).
Ces données montrent également que les 88 patients traités par le comparateur qui avaient atteint des niveaux d'ADN VHB < 400 copies/ml à la semaine 48 voyaient cette suppression virale maintenue après le passage à Viread.
Les patients traités par adéfovir dipivoxil dont les niveaux de charge virale étaient supérieurs à 400 copies/ml à la 48e semaine avaient une suppression virale rapide après être passé à Viread (94 % dans l'essai 102, 78 % dans l'essai 103).
«Ces données à 72semaines montrent que Viread est capable de produire un effet significatif et durable sur la suppression de l'ADN VHB avec une bonne tolérance», conclut le Pr Patrick Marcellin.
Milan, 43e Congrès annuel de l'EASL, conférence de presse organisée par le Laboratoire Gilead et présidée par le Pr Jean-Michel Pawlotsky (hôpital Henri-Mondor, Créteil), directeur du département de virologie et d'immunologie moléculaire à l'institut Mondor de recherche biomédicale (INSERM U841).
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