A NEW YORK, où ils le rencontrèrent, les surréalistes, et plus particulièrement Breton, reconnurent en Gorky un artiste proche de leurs préoccupations. Le peintre, né au bord du lac Van, en Arménie, avait fui son pays et émigré aux Etats-Unis en 1920, à la suite du génocide. Il développe outre-Atlantique un travail marqué par ses souvenirs d'enfance. C'est cette partie de son oeuvre que le centre culturel Calouste-Gulbenkian dévoile.
L'exposition, qui regroupe une trentaine de dessins sur papier des années 1927 à 1947, est axée sur les débuts de la carrière de Gorky. Son style sera de plus en plus marqué par l'abstraction. Ses sujets témoignent de son attachement à la mémoire arménienne. On découvre avec intérêt la méthode d'apprentissage que Gorky utilise dès les années 1920 : inlassablement, le peintre scruta, recopia, s'appropria les oeuvres, les styles et les techniques de Miró, Picasso, Cézanne, Braque, Kandinsky, avec une capacité inouïe de compréhension et de mémorisation.
Le pinceau libéré.
Le centre Pompidou s'intéresse, quant à lui, à la grande période de Gorky, celle des années 1940, où naît et s'affirme sur la toile une écriture rapide et gestuelle, faite de signes trépidants, de formes organiques, ondoyantes et déformées, estompées ou répandues en coulures délavées.
Les couleurs sont flamboyantes, sensuelles. On est en plein dans l'expressionnisme abstrait, ce courant artistique qui permet aux artistes de libérer leur pinceau et de jeter la couleur et les formes sur la toile en obéissant à leurs sentiments. C'est d'ailleurs sur les conseils de Gorky que Willem De Kooning (les deux hommes partagèrent un atelier à New York dans les années 1940), l'un des fers de lance de l'expressionnisme abstrait, fera lui aussi danser les formes sur ses toiles et apprendra à leur donner un volume et une consistance particulière. La plupart de ces toiles n'avaient jamais été montrées en France. Il faut aller à la rencontre de cette création enflammée, à propos de laquelle André Breton disait qu'elle était «traversée d'états d'âme». Une oeuvre incandescente, lyrique et absolue, énigmatique et forte, à l'image de Gorky, qui se donna la mort en 1948.
– Centre Pompidou, Paris 4e. Tlj sauf mardi, de 11 h à 21 h. Entrée : 10 euros (TR : 8 euros). Tél. 01.44.78.12.33.
– Centre culturel Calouste-Gulbenkian, 51, avenue d'Iéna, Paris 16e. Du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h 30. Entrée libre. Tél. 01.53.23.93.93. Jusqu'au 4 juin.
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