De notre correspondant
C OMME beaucoup de belles histoires, l'aventure humanitaire du Dr Bernard de Geeter a commencé un peu par hasard : appelé il y a une dizaine d'années à soigner un petit Ukrainien souffrant d'une malformation cardiaque, il sauva l'enfant et décida de consacrer son temps libre à d'autres enfants atteints des mêmes affections. Aujourd'hui plus de 500 enfants, en majorité ukrainiens, mais aussi mauriciens, sénégalais ou vietnamiens, doivent la vie à ce cardiopédiatre strasbourgeois, qui s'attache à former les médecins de ces pays à la cardiologie pédiatrique.
En plus de son travail « normal » - de 3 000 à 4 000 enfants de l'Est de la France passent chaque année par son cabinet -, le Dr de Geeter se rend deux fois par an à Lviv (Ukraine), à l'île Maurice et en Afrique, où les médecins locaux lui présentent de petits patients souffrant de malformations cardiaques. Il en opère certains sur place et en fait venir d'autres à Strasbourg : les opérations les plus lourdes sont effectuées par le Pr Bernard Eisenmann aux Hôpitaux universitaires, qui disposent du plateau technique nécessaire. Le Dr de Geeter réalise en clinique les interventions non chirurgicales et se charge du suivi de toutes les opérations.
Les enfants ukrainiens sont pris en charge par La Croix-Rouge luxembourgeoise, tandis que Terre des Hommes pour l'Afrique, le gouvernement mauricien pour Maurice et d'autres bienfaiteurs financent les voyages, les opérations et les traitements ; les petits
Vietnamiens sont opérés par le Pr Eisenmann, qui se rend régulièrement pour cela à Huê.
Pour réduire les coûts des opérations pratiquées en France, le Dr de Geeter et ses partenaires limitent au minimum la durée du séjour au CHU, et transfèrent dès que possible les enfants en clinique avant de poursuivre les soins dans une famille d'accueil strasbourgeoise, souvent originaire du pays natal de l'enfant. Grâce à ce réseau de solidarité, le coût d'une intervention complète avoisine les 50 000 F, soit deux à trois fois moins que dans un grand CHU.
« Quand nous sommes dans un de ces pays, nous consultons dès notre arrivée et jusqu'aux dernières minutes avant notre départ », raconte le Dr de Geeter, qui, au-delà de ses traitements, s'emploie à former les médecins locaux à ces techniques. Conscient que son activité bénévole ne peut répondre à elle seule à tous les besoins exprimés par ces pays, notamment en matière de matériel disponible sur place, le cardiopédiatre strasbourgeois souhaite désormais passer à la vitesse supérieure en créant l'association Alsace Côté Cur (1) pour fournir notamment des équipements cardiologiques à ces pays et disposer de ressources financières permettant des interventions urgentes.
Comme des Pères Noël"
Car si les donateurs permettent de réaliser nombre d'interventions, il n'est pas toujours facile de réunir les moyens nécessaires, même si la solidarité permet souvent des miracles. Au printemps dernier, une association d'aide au Kosovo lui a amené un petit garçon, Albert, opéré avec succès au début de l'été, grâce en particulier à la générosité d'un footballeur professionnel. Mais la collecte de fonds est parfois bien plus longue et difficile que dans ce cas précis.
« C'est peut-être mon côté scout qui me pousse à faire tout cela », dit avec modestie le Dr de Geeter, qui trouve dans son engagement des satisfactions humaines et professionnelles différentes de celles de Strasbourg : « Ici, regrette-t-il, il faut signer ou faire signer plusieurs formulaires avant le moindre acte médical ; là-bas, tout simplement, on nous demande de sauver des enfants, et on nous voit venir comme si nous étions des Pères Noël. »
(1) Alsace Côté Cur : Dr Bernard de Geeter, 3, rue Simonis, 67100 Strasbourg. Tél. 03.88.34.23.23.
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