A base de séquences d’ADN

Un candidat vaccin contre la rhinite allergique à l’ambroisie

Publié le 04/10/2006
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UNE NOUVELLE technique d’immunothérapie fondée sur l’injection de séquences conjuguées immunostimulantes d’ADN spécifique de certains allergènes pourrait permettre d’induire une protection contre les allergies tout en réduisant le risque de réponse systémique aiguë. Dès 1911, une première approche de la lutte contre les allergènes – l’immunothérapie – a été développée avec des premiers résultats très encourageants. Bien que cette technique ait bénéficié d’améliorations substantielles, elle expose au risque d’anaphylaxie à cause des fortes doses d’antigènes utilisées. En outre, l’un des obstacles à l’utilisation de cette technique vient de la nécessité de délivrer l’antigène par le biais d’injections régulières pendant une période de trois à cinq ans.

Pour faciliter le traitement préventif de l’allergie, une nouvelle approche pourrait être développée : elle utilise un composé immunothérapeutique dans lequel des antigènes de pollens de l’ambroisie Amb a 1 sont conjugués avec une séquence immunostimulante phosphorothioate oligodéoxyribonucléotide d’ADN contenant un motif CpG.

Cette séquence immunostimulante se lie préférentiellement avec un Toll-Like réceptor 9 (TLR9) qui s’exprime de façon prédominante au niveau des cellules dendritiques plasmocytoïdes. L’interaction induit une inhibition de la réponse médiée par les lymphocytes T helpers de type 2 (Th2).

Par ailleurs, lorsque les cellules mononucléées du sang périphérique de patients allergiques à l’ambroisie sont exposées à l’Amb a 1-Immunostimulatory Oligodeoxyribonucleotide Conjugate (AIC) in vitro, la production de l’interleukine 4 et de l’interleukine 6 par les Th2 est abaissée, ce qui suggère un rôle thérapeutique potentiel d’AIC chez ces patients.

Etude de phase II.

Pour confirmer cette hypothèse théorique, l’équipe du Dr Peter Creticos (Baltimore) a mis en place une étude de phase II chez 25 adultes allergiques à l’ambroisie qui ont reçu soit une vaccination (une injection par semaine pendant six semaines) par AIC soit par placebo. Les auteurs n’ont signalé aucun effet indésirable systémique particulier chez les sujets ayant reçu de l’AIC. Mais cette vaccination n’a pas permis de modifier l’événement cible principal : la réponse en termes de perméabilité vasculaire mesurée par la concentration en albumine dans le liquide de lavage nasal après provocation locale. Néanmoins, durant la première saison pollinique qui a suivi la vaccination, le score de rhinite mesuré sur une échelle visuelle était moins important dans le groupe AIC que dans le groupe témoin. Une hausse des scores de qualité de vie a aussi été observée au cours de l’intersaison chez les sujets vaccinés.

Baisse répétée du score de rhinite.

La vaccination par AIC a, en outre, induit une majoration transitoire des anticorps IgG Amb a 1-spécifiques, mais a supprimé l’augmentation saisonnière des IgE Amb a 1-spécifiques. Par ailleurs, une réduction du nombre des basophiles interleukine 4 positifs a été constatée chez les sujets vaccinés, et cette réduction était corrélée à la baisse du score de rhinite. Les effets positifs de la vaccination par AIC ont été prolongés sur les saisons polliniques suivantes, avec une baisse répétée sur plusieurs années du score de rhinite.

Pour les auteurs, «cette nouvelle approche immunostimulante réalisable en six semaines permet l’induction d’une protection antiallergique sans risque significatif d’anaphylaxie chez des sujets souffrant de rhinite allergique chronique». Mais les mécanismes qui sous-tendent ces modifications doivent encore faire l’objet d’études plus approfondies, puisque le critère principal – la modification de la perméabilité nasale – n’a pas été modifié et que l’effet protecteur antiallergique passe par d’autres mécanismes. Une étude de phase III à plus grande échelle devrait contribuer à apporter des réponses à ces questions.

« New England Journal of Medicine », 355 ; 14, p. 1445-1455, 5 octobre 2006.

> Dr ISABELLE CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8023