EN MATIÈRE de sport chez l’asthmatique, on distingue deux catégories d’enfants. D’une part, ceux qui, quel que soit leur type d’asthme, ont une gêne à l’effort, plus ou moins intense, cédant à la cessation de l’effort. Ce groupe représente environ 85 % des enfants asthmatiques de tous âges. D’autre part, les enfants qui souffrent d’asthme spécifiquement induit par l’exercice physique (AIE). Cette dyspnée à l’effort survient typiquement 10 à 15 min après la cessation de celui-ci. Mais il n’est pas rare de la voir se développer pendant l’effort lorsqu’il s’agit de course d’endurance. Cet AIE apparaît habituellement plus tard dans la vie, à l’adolescence. «Parfois, il s’agit d’enfants qui ont vu leur asthme s’atténuer puis, vers 12-13ans, ils se plaignent d’être gênés spécifiquement à l’effort», précise le Pr Grimfeld. Pour un grand nombre d’entre eux, souvent déjà inscrits dans des clubs sportifs, cette nouvelle situation devient un handicap.
Il n’y a pas d’explication physiopathologique univoque à l’AIE. Plusieurs facteurs sont évoqués, comme l’action de l’air froid, la différence entre les températures extérieure et intérieure, ou plus généralement des mécanismes responsables de la libération de substances responsables d’inflammation et de bronchospasme. Mais ces données ne sont qu’observationnelles, et le processus d’une résultante unique, la gêne à l’effort, quelles que soient ses composantes, fait encore débat. Quoi qu’il en soit, on dispose de traitements efficaces, non seulement pour éviter la gêne à l’effort chez les enfants atteints d’asthme « commun », mais aussi contre l’AIE. Pour les premiers, «le traitement préventif est celui de la prévention des récidives de la crise d’asthme. Il n’existe pas de traitement spécifique. On peut aussi ajouter que la survenue de gêne respiratoire à l’effort dans ces cas est souvent la conséquence d’un traitement insuffisant ou mal suivi».
Prévention secondaire.
En ce qui concerne l’AIE, en l’absence de moyens permettant de caractériser a priori les enfants qui en seront victimes, aucune prévention primaire ne peut être envisagée. En revanche, pour la prévention secondaire, c’est-à-dire l’évitement de la réapparition de la gêne à l’effort, une prise en charge efficace est possible. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées dans ce cadre : l’administration systématique d’un bronchodilatateur (bêta 2-stimulant) avant l’effort, la mise en place d’un traitement par un bêta 2-stimulant à effet prolongé et/ou la prescription d’un antileucotriène, médicament dont une des indications spécifiques est l’AIE. «Avec ces traitements, on arrive à contrôler efficacement la survenue de la gêne à l’effort.»
Ces médicaments devront faire l’objet d’une autorisation médicale spéciale d’utilisation chez les asthmatiques sportifs de haut niveau, susceptibles d’être soumis à un contrôle antidopage de la part de leur fédération. Ils doivent être associés dans tous les cas à un entraînement physique à l’effort. En tenant compte des possibilités propres de l’enfant asthmatique, notamment des caractéristiques de son bronchospasme, les modalités de cet entraînement seront similaires à celles qui sont appliquées à n’importe quel individu pratiquant un sport. Ses objectifs sont d’apprendre à respirer, à contrôler son effort et à optimiser l’utilisation de son énergie.
A privilégier.
Bien traités, l’asthme commun et l’AIE ne constituent pas des facteurs limitants à la pratique d’un sport. Traditionnellement, le sport à privilégier chez l’enfant asthmatique est la natation, «sauf pour ceux qui supportent mal l’humidité et, pour la pratique en piscine, les émanations de chlore gazeux susceptibles d’exacerber une hyperréactivité bronchique». En fait, toutes les activités sportives peuvent être pratiquées par les asthmatiques, à l’exception de la plongée sous-marine avec bouteilles, pour laquelle, bien qu’ils soient peu explicites, les textes sont formels. «Il n’est pas question pour un médecin de délivrer un certificat d’aptitude à la plongée sous-marine avec bouteilles à un asthmatique, même s’il nage parfaitement… et s’il en a très envie!», insiste le Pr Grimfeld. Le danger évoqué est essentiellement celui de la survenue d’une crise d’asthme sévère, avec un risque vital.
Si la pratique d’une activité physique régulière comporte des effets bénéfiques sur l’évolution de l’asthme, par rapport aux patients sédentaires, c’est par l’acquisition d’une meilleure maîtrise de soi, notamment au cours des crises, ainsi que d’une musculature thoracique utile pour l’accomplissement d’une ventilation et d’une respiration efficaces.
Enfin, estime le Pr Grimfeld, on ne peut aborder le sujet du sport chez l’enfant asthmatique sans parler du rôle pédagogique majeur des professeurs d’éducation physique et sportive des collèges et lycées auprès des élèves, notamment pour ce type d’enfants. «Quel que soit leur gabarit, ces enfants, comme les autres, sont capables d’avoir une activité physique, mais pas à tout prix.» Une attitude trop drastique des enseignants peut, en effet, conduire à des dispenses de sport globales injustifiées, parfois même pour des enfants par ailleurs et paradoxalement inscrits dans des clubs sportifs extérieurs à leur établissement scolaire.
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