TRENTE POUR CENT des enfants les plus exposés au petit écran font des pieds et des mains pour obtenir de leurs parents qu'ils leur achètent des produits alimentaires gras et sucrés vus à la télé. Et, bien entendu, ces téléspectateurs «obligés» – en raison de multiples facteurs culturels et socio-économiques – ont une alimentation fort déséquilibrée. On les contraint à participer, en somme, à l'augmentation annuelle de 5,7 % de l'obésité. Comme s'il était inéluctable que la France prenne la voie des Etats-Unis, où 66 % des citoyens sont en surpoids ou obèses, laisse entendre l'Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que Choisir*. Faute de pouvoir agir sur la responsabilité parentale – 60 % des écoliers regardent quotidiennement la TV qui, pour 32 %, se trouve dans leur chambre –, l'association en appelle au législateur pour exclure les publicités des produits alimentaires les plus gras et les plus sucrés des programmes pour enfants.
En septembre 2007, sur 382 spots concernant l'alimentation diffusés sur quatre chaînes nationales et une thématique pour jeunes, pendant deux semaines lors d'émissions enfantines, 84 % faisaient de la publicité pour la restauration rapide, les glaces, les confiseries, les gâteaux ou des laitages et des céréales «sans intérêt nutritionnel». Un an auparavant, ce taux atteignait 89 %, «c'est dire qu'on ne peut pas se satisfaire d'engagements de l'industrie agroalimentaire au cas par cas pour lutter contre l'obésité infantile», commente l'UFC-Que Choisir. McDonald's, pour sa part, renonce à toute annonce publicitaire pendant les programmes destinés aux enfants. Ferrero (Kinder, Nutella, etc.) met un petit bémol en se gardant de faire de la réclame lorsque les moins de 10 ans représentent le quart des téléspectateurs, tandis que Coca-Cola s'abstient de publicité dans les programmes consacrés aux moins de 12 ans. «Arrêtons le volontariat en la matière, ça ne marche pas!», assène l'UFC-Que Choisir.
Qualité nutritionnelle à l'école.
A l'instar de l'Inserm en 2000 et de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en 2004, l'association de défense des consommateurs exige donc l'interdiction des publicités pour les produits alimentaires les plus gras et les plus sucrés dans les émissions de télévision pour enfants. Cela vise, entre autres, les céréales comprenant plus de 30 % de sucre ou encore les fromages avec plus de 70 % de matière grasse. Pour ce faire, elle demande au Parlement de légiférer.
Parallèlement, l'UFC-Que Choisir suggère une série de mesures spécifiques : gratuité des campagnes télévisuelles pour une alimentation équilibrée à l'initiative de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé ; réduction de 50 % des annonces TV pour la filière fruits et légumes ; suppression des promotions et réclames de produits alimentaires pour enfants au niveau de la distribution ; soutien aux PME de l'agroalimentaire pour améliorer la qualité nutritionnelle (QN). Elle demande également que le respect de la circulaire de l'Education nationale du 25 juin 2001 définissant la qualité nutritionnelle des repas scolaires devienne obligatoire, alors qu'actuellement elle n'est prise en compte que dans une cantine sur deux. Et elle plaide pour un taux de TVA majoré à 19,6 % pour les produits riches en matière grasse, sucre ou sel et minoré à 2,1 % pour les fruits et légumes.
En 2005, l'assurance-maladie estimait à 12 % la population de moins de 18 ans touchée par l'obésité (13 % des 4-16 ans), soit 1,8 million de jeunes. Selon la Fédération française de pédiatrie (Pr J.-P. Dommergues), entre 20 % et 50 % des enfants obèses risquent de le demeurer à l'âge adulte.
* Les chiffres cités empruntent à des enquêtes réalisées par l'UFC-Que Choisir, association loi 1901 créée en 1951. Tél. 01.43.48.55.48.
** Actuellement, la qualité nutritionnelle n'est prise en compte que dans une cantine sur deux.
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