C'est principalement dans les pays du Sud que la médecine traditionnelle attire le plus d'adeptes. « Environ 80 % des Africains ont recours à la médecine traditionnelle, affirme le Dr Ebrahim Samba, directeur régional de l'OMS pour l'Afrique. Pour cette raison, nous devons agir vite afin d'évaluer son efficacité et de protéger notre héritage et nos connaissances traditionnelles. Nous devons également institutionnaliser cette médecine et l'intégrer dans nos systèmes nationaux de santé. »
Face à l'absence de données générales et fiables sur l'utilisation mondiale de la médecine traditionnelle, l'OMS a décidé de lancer un plan sur quatre ans qui permette, à terme, de valoriser cette médecine parallèle. Laquelle concerne un nombre croissant de patients dans les pays riches. Selon les chiffres de l'OMS, 75 % de la population française a eu recours au moins une fois à des traitements complémentaires. En Allemagne, 77 % des services soignant la douleur proposent l'acupuncture.
La médecine traditionnelle, telle que la conçoit l'OMS, intègre des médicaments à base de plantes, d'animaux ou de minéraux, des traitements spirituels, des techniques manuelles, appliqués seuls ou en association. « La médecine traditionnelle ou complémentaire est à la fois victime de l'enthousiasme sans esprit critique et du scepticisme mal informé, explique le Dr Yasuhiro Suzuki, directeur exécutif à l'OMS de la branche Technologie de la santé et Produits pharmaceutiques. Notre stratégie a pour but de tirer profit de son potentiel pour améliorer la santé et le bien-être des gens, tout en minimisant les risques liés à une mauvaise utilisation des remèdes ou à une efficacité qui n'a pas été prouvée. »
Outre l'efficacité de l'acupuncture dans le soulagement des douleurs, l'OMS signale que des essais contrôlés randomisés établissent de manière convaincante que l'hypnose et les techniques de relaxation peuvent soulager l'anxiété et l'insomnie. D'autres études ont montré que le yoga pouvait réduire les crises d'asthme, tandis que les techniques de tai-chi aident les personnes âgées à avoir moins peur des chutes. A côté des pathologies chroniques, la médecine traditionnelle a aussi des applications sur les maladies infectieuses. En Afrique du Sud, le Medical Research Council étudie l'efficacité d'une plante, Sutherlandia microphylla, dans le traitement des malades du SIDA. Utilisée traditionnellement comme tonique, elle pourrait augmenter la vigueur, l'appétit et la masse corporelle des personnes infectées.
La stratégie de l'OMS pour la médecine traditionnelle repose sur quatre points : élaborer des politiques nationales portant sur la réglementation de ces pratiques ; établir une base de données sur la qualité des produits et des pratiques traditionnelles ; promouvoir le recours, justifié sur le plan thérapeutique, à ce type de médecine ; et, enfin, veiller à ce que ces médecines soient accessibles et abordables. L'OMS espère en effet que la délivrance de traitements traditionnels sûrs et efficaces pourrait jouer un rôle essentiel dans l'amélioration de l'accès aux soins, notamment dans les pays en développement.
L'obésité et le diabète gagnent le tiers monde
Au cours des deux années écoulées, l'obésité, le diabète et les maladies cardio-vasculaires, que l'on croyait réservées aux sociétés prospères, gagnent le tiers monde.
Des études présentées à l'assemblée générale annuelle de l'OMS montrent en effet que, même dans des pays où sévit la malnutrition, les cas d'obésité et de diabète, y compris chez les enfants, ne sont pas rares, notamment en Afrique, dans les Caraïbes, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Dans le monde, vingt-deux millions d'enfants de moins de cinq ans sont obèses. Trois cents millions d'enfants, au total, sont obèses et 700 millions présentent un surpoids. En Afrique, O,7 % des enfants souffrent de malnutrition, mais 3 % sont obèses.
Les experts estiment qu'aggraver le sentiment de culpabilité des personnes trop grosses est contre-performant. Ils proposent deux stratégies : la première est de travailler au cas par cas, en s'adressant à l'individu, en l'informant et en le laissant faire ses propres choix sur base d'une information correcte. La seconde consiste à les soustraire aux ravages de la publicité qui fait la promotion d'aliments (junk food) qui favorisent la prise de poids.
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