LES GAZ digestifs ont trois origines : l'air dégluti, la diffusion d'azote et d'oxygène à partir du sang et la production intraluminale. L'intestin contient normalement de 100 à 200 ml de gaz, répartis essentiellement au niveau du côlon et résultant principalement de la production intraluminale.
Les trois principaux gaz produits dans la lumière intestinale sont le CO2, l'hydrogène et de méthane. Le CO2 est synthétisé dans l'intestin grêle par la neutralisation de l'acide chlorhydrique par les bicarbonates. Il est rapidement absorbé au niveau du duodénum, passe dans le sang et est éliminé par les poumons. L'hydrogène est produit par le métabolisme bactérien au niveau de l'ensemble du côlon, essentiellement par fermentation des hydrates de carbone et accessoirement des protéines. La production d'hydrogène dans la lumière intestinale est supérieure à 10 000 ml par jour, mais elle est largement éliminée par diffusion dans le sang ou par la consommation bactérienne. Quant au méthane, il est produit par des bactéries spécifiques qui réduisent les CO2 en CH4 en utilisant l'hydrogène. Cette synthèse se déroule dans le côlon gauche.
La majorité des patients qui consultent pour des ballonnements intestinaux ne présentent pas de météorisme à l'examen clinique. S'ils émettent moins de 20 flatulences par jour et qu'on retrouve à l'interrogatoire des signes tels que des douleurs abdominales, un transit irrégulier, une chronicité du trouble et une association à des signes extradigestifs, il faut penser au syndrome de l'intestin irritable.
Production bactérienne excessive.
Les troubles ne sont pas liés à la présence d'une quantité excessive de gaz dans l'intestin mais à une altération de la sensibilité et de la motricité du tube digestif. Aucune exploration n'est alors nécessaire chez les sujets jeunes. Après 50 ans, une coloscopie peut permettre d'éliminer avec certitude une pathologie organique colique. Il n'existe pas de traitement spécifique efficace de ce syndrome.
Chez les patients émettant un grand nombre de gaz intestinaux par jour, l'examen retrouvera généralement un météorisme diffus ou localisé, essentiellement après le repas. Si le gaz émis prédominant est l'azote, la cause du météorisme est l'aérophagie avec excès de gaz dégluti. Si le gaz émis prédominant est l'hydrogène et/ou le méthane, le problème est lié à une production bactérienne excessive. On doit alors rechercher une malabsorption du lactose ou une maladie coeliaque, surtout en cas de diarrhée associée. Il faut également faire une enquête diététique à la recherche d'un apport excessif en oligosaccharides, en féculents ou en fibres alimentaires.
Les conseils diététiques.
Aucun traitement médical n'a actuellement prouvé son efficacité pour diminuer le débit rectal de gaz.Les agents adsorbants comme le charbon ou l'argile sont inefficaces. Les conseils diététiques sont habituellement les mesures les plus opérantes. Les principaux aliments responsables de la production de gaz sont le pain, les céréales complètes, les légumineuses, les fruits et les pommes de terre. On peut conseiller au patient d'essayer de déterminer lesquels doivent être éviter en les éliminant temporairement de leur alimentation un par un. Par ailleurs, les lipides augmentent la rétention des gaz ; la consommation de viandes grasses, de sauces, de graisses cuites et de fromages à plus de 25 % de matière grasse, devra être limitée.
D'après l'intervention de M. A. Bigard, « Entretiens de Bichat ».
Le cas des patients se plaignant d'aérophagie
La cause habituelle de l'aérophagie est une déglutition d'air excessive, effectuée le plus souvent de façon inconsciente. L'air distend l'oesophage, ne passe pas dans l'estomac et est aussitôt éructé. La preuve du mécanisme peut être apportée en empêchant le malade d'avaler de l'air, en plaçant un crayon entre ses dents. Une thérapie comportementale peut être utile à la prise en charge de certains de ces patients.
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