Les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du VIH ont été créés il y a quinze ans face à l'épidémie d'infections par le VIH. Les 280 CDAG et leurs 167 antennes effectuent 250 000 tests par an. Pourtant, on estime que, chaque année, la moitié des nouveaux cas de séropositivité ne connaissent pas leur statut sérologique.
« Est-ce que la politique de dépistage qui a tenté de lever les réticences liées au coût et à la discrétion et que nous avons défendue jusqu'à présent est encore efficace aujourd'hui ? », s'est interrogé le Pr Lucien Abenhaïm, directeur général de la Santé, en ouverture de la journée de réflexion sur le dépistage en CDAG organisée par l'association Sida Info Service et la DGS. Les questions sur le dépistage représentent encore 40 % des demandes à la ligne d'information téléphonique Sida Info Service. « Il faut réhabiliter la valeur du test : il n'y a plus aucune raison épidémiologique de douter de sa fiabilité. Dans une situation d'endémie d'une maladie qui devient chronique, sa valeur prédictive est aujourd'hui beaucoup plus forte », martèle le Pr Abenhaïm. Les tests positifs permettent de mettre en œuvre une prise en charge immédiate du patient, mais aussi de le rassurer et de le conseiller. Lorsque le test est négatif, on peut alors engager un dialogue ciblé de prévention en fonction de la prise de risques des individus.
Les dernières campagnes de communication autour de l'incitation au dépistage sont beaucoup plus ciblées. Elles sont orientées sur la demande de test au partenaire et visent, ce qui est une nouveauté, des populations fragilisées, notamment les migrants et les personnes d'origine subsaharienne, longtemps rétives au dépistage.
Les CDAG constituent également un lieu fondamental de diffusion de ce type de discours. Ils sont nés en 1987 dans un contexte de peur de l'exclusion, de lutte contre la stigmatisation, de quasi-absence de traitement et de construction d'une politique de santé publique. Alors qu'aujourd'hui on note une hausse du nombre de tests VIH positifs dans les CDAG parisiens, « il faut maintenir une politique volontaire du dépistage », plaide de Dr François Bourdillon (service de santé publique de la Pitié-Salpêtrière).
De nouvelles pratiques
Pour l'évaluation des CDAG, on dispose encore de peu d'outils. « On laisse peu de place encore au counseling (qui permet à la personne d'articuler l'histoire de sa contamination supposée ou connue avec sa biographie, son rapport à la sexualité et à la prise de risque, et de symboliser sa souffrance, NDLR), regrette le Dr Bourdillon. Nous avons à nous interroger sur de nouvelles pratiques professionnelles autour de la prévention. »
Dans cette activité répétitive qu'est le dépistage, il faut pouvoir être très attentif pour garder une capacité d'écoute constante. Un arrêté d'octobre 2000 impose aux CDAG un cahier des charges très précis. Il devrait permettre d'élaborer un référentiel pour évaluer le respect des bonnes pratiques.
Le décret du 6 août 2000 a étendu la mission des centres de dépistage anonyme et gratuit en leur attribuant le dépistage d'autres infections sexuellement transmissibles, notamment les hépatites virales. C'est aussi une façon de reconnaître leur efficacité.
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