Des règles simples
En premier lieu, quelques règles simples de prévention générale doivent être respectées par le voyageur afin d'éviter au maximum les différentes maladies qu'il peut croiser lors de son voyage. Il doit éviter de boire de l'eau (sauf en bouteille capsulée), de manger des crudités (risque de tourista, d'amibiase, de choléra), de marcher pieds nus (anguillules, ankylostomes) et de se baigner en eau douce (bilharziose). Il peut également lui être utile d'utiliser une moustiquaire imprégnée pour dormir et d'utiliser des repellents pour éviter les piqûres de moustiques et, ainsi, le risque de paludisme et de dengue.
Vaccins
Les principaux vaccins du voyageur sont : le BCG, le DTP ou DcTP, et les vaccins contre l'hépatite A, l'hépatite B, la fièvre jaune, la typhoïde, la méningite A et C, l'encéphalite japonaise, l'encéphalite à tique, la rage. Si le voyageur n'est pas vacciné, la plupart de ces vaccins seront réalisés huit semaines avant le départ (pour la première dose), sans oublier les rappels ultérieurs. Les vaccins combinés permettent de simplifier les schémas d'administration.
Hépatite A
Affection cosmopolite, l'hépatite A est surtout liée au péril fécal. Elle est particulièrement fréquente dans les zones intertropicales où l'hygiène est précaire et où il existe des zones d'endémie. D'une durée d'incubation de quinze à cinquante jours, elle est souvent asymptomatique chez l'enfant de moins de 5 ans et peut donner chez l'adulte un franc ictère cutanéo-muqueux accompagné d'une asthénie. Elle guérit le plus souvent sans séquelle ; le risque d'hépatite fulminante est exceptionnel. Sa prévention repose sur le respect des règles hygiéno-diététiques et sur la vaccination qui assure une protection d'au moins dix ans. Avant la vaccination, il faut s'assurer que le patient n'est pas déjà immunisé (recherche des anticorps antiVHA).
Hépatite B
Avec 350 millions de porteurs chroniques, l'hépatite B est responsable de 2 millions de morts/an. Dans 10 % des cas, on retrouve une forme aiguë symptomatique, dont 1 % de forme fulminante. Dans 5 à 10 % des cas, elle peut se chroniciser ; chiffre qui peut atteindre 30 % chez l'enfant et l'immunodéprimé. La prévention repose sur la vaccination. Les vaccins peuvent concerner l'hépatite B seulement ou peuvent être combinés pour l'hépatite A et l'hépatite B (Twinrix).
Fièvre jaune
La fièvre jaune sévit en Afrique intertropicale et en Amérique du Sud (Amazonie). Elle est provoquée par le virus amaril, qui se transmet par la piqûre d'un moustique femelle (Aedes). Outre les moustiques, les singes sont également un réservoir du virus. Après une incubation de trois à six jours existe une phase rouge (congestive), puis une phase jaune (hépatorénale). Les complications sont essentiellement dues aux hémorragies et à l'insuffisance rénale. Le traitement est essentiellement symptomatique. La vaccination est obligatoire pour tout séjour dans une zone intertropicale d'Afrique et d'Amérique du Sud. Elle protège de la fièvre jaune pendant dix ans.
Méningites
D'origine virale ou bactérienne, les méningites peuvent être transmises par les aérosols et les objets contaminés. Il existe de nombreux porteurs sains, ce qui facilite la transmission. Plusieurs sérotypes de méningocoques peuvent se rencontrer dans le monde : A (Afrique tropicale++, Chine), B, C (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord), W 135 (Afrique, Arabie saoudite).
Encéphalite japonaise
Arbovirose transmise dans les rizières en Asie du Sud-Est, en Inde et en Chine du Nord-Est, l'encéphalite japonaise se rencontre surtout en milieu rural, mais aussi en milieu urbain, à la période des pluies. Son réservoir est représenté par les animaux domestiques (porcs) et les oiseaux migrateurs. En Asie, plus de 50 000 cas par an sont recensés. Les formes inapparentes sont fréquentes. La mortalité des formes apparentes est importante (jusqu'à 50 %) ainsi que le risque de séquelles neuropsychologiques (jusqu'à 30 % chez les enfants et les personnes âgées). L'incubation est de 4 à 14 jours (7 jours en moyenne). Le début est brutal avec des douleurs abdominales et des nausées, puis une fièvre élevée, des céphalées, une altération de la conscience ; parfois, des frissons, des vomissements, des myalgies, une raideur de la nuque, des parésies, des tremblements, un syndrome pyramidal ou extrapyramidal. Bien que le risque soit faible pour le voyageur, la prévention est nécessaire en zone rurale : lutte contre les moustiques. En cas de séjour d'au moins un mois, en milieu rural, en zone d'endémie, la vaccination est recommandée : vaccin Jevax (ATU) à J0, J7, J30, avec rappel à deux ans.
Encéphalite à tique
Due au flavivirus, l'encéphalite à tique sévit en Europe de l'Est (10 000 cas/ an) et en Asie septentrionale ; son incidence varie de 4 % (Autriche) à 30 % (Russie). D'une durée d'incubation de une à deux semaines, elle peut entraîner des convulsions et des paralysies. Son diagnostic est sérologique et son traitement symptomatique. Le vaccin (Ticovac) repose sur 3 injections à réaliser à un mois d'intervalle, avec un rappel trois ans plus tard.
Choléra
Seul réservoir du choléra, l'homme est contaminé par voie féco-orale. Après une incubation courte (quelques heures à quelques jours), le malade a une diarrhée «riziforme» (> 1 l/h) et est apyrétique. La coproculture retrouve un bacille Gram négatif. Le traitement repose sur la réhydratation, plus ou moins sur les cyclines. La question de la vaccination continue de se poser.
Rotavirus
Le Rotavirus est responsable d'une majorité des diarrhées des nourrissons et 96 % des enfants sont infectés à l'âge de 2-3 ans. Trois cent mille cas sont observés chaque année dans les crèches. Dans les pays en développement, le Rotavirus est responsable de 450 000 décès/an chez les moins de 5 ans. Le traitement repose sur la réhydratation et sur la vaccination (Rotarix, Rotateq).
Rage
La rage est une zoonose à laquelle tous les animaux « à sang chaud » sont sensibles. Les mammifères, surtout les carnivores, représentent les principaux vecteurs. On la retrouve dans le monde entier, sauf dans certaines îles du Pacifique, de l'Atlantique et du Japon. Le chien représente le principal vecteur de la rage des rues (Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud). La rage selvatique, quant à elle, est transmise par les animaux sauvages : renard (Europe), raton laveur (Amérique du Sud), loup (Iran), chauve-souris (Amérique centrale, Australie, Espagne, Royaume-Uni). La contamination se fait par la salive (morsure, griffure, léchage sur peau excoriée ou sur muqueuse) ou par contamination interhumaine (greffe de cornée ou de tissu). L'incubation dure de un à trois mois, parfois jusqu'à six mois. Après une phase d'incubation silencieuse, la phase prodromique retrouve des paresthésies ou un prurit localisé au niveau de la morsure. L'encéphalomyélite sera à type de rage « furieuse » (agitation, hydrophobie et/ou aérophobie) ou de rage muette ou paralytique, ascendante. Avant exposition, le vaccin sera effectué à J0, J7, J21 et J28, puis rappel à un an et tous les cinq ans. Après exposition, s'il y a décision de traitement chez le sujet vacciné, deux rappels seront effectués à trois jours d'intervalle (pas d'injection d'IgG) ; chez le sujet non vacciné, 2 injections seront faites à J0, une à J7 et une à J21 (ou J0, J3, J7, J14 et J28), les IgG pourront être faites.
D'après les communications du Dr F. Bisaro et du Pr P. Bourée (unité des maladies parasitaires et tropicales, CHU Bicêtre) lors des Entretiens de médecine aérospatiale qui ont eu lieu dans le cadre du dernier salon aéronautique du Bourget.
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