UNE ÉQUIPE de chercheurs du Connecticut s'intéresse depuis quelques années à la question du lien entre les atteintes des artères thoraciques et celles des coronaires. En 2004, un premier travail, qui regroupait 13 000 examens mammographiques pratiqués sur une durée de trente ans, concluait à la présence de lésions artérielles dans les régions mammaires analysées chez 3 % des femmes environ. Mais en raison de l'amélioration des techniques d'imagerie et de la réalisation de comptes rendus de mammographies plus exhaustifs, le taux de calcification a été estimé à 17,5 % en 2006 par l'équipe du Dr Michelle Rotter.
La nouvelle étude, publiée dans la revue « Menopause », sur 1 919 femmes conclut, pour sa part, à une prévalence de 14 % des lésions. Toutes les personnes incluses devaient, au moment de leur examen mammographique, répondre à un questionnaire sur leurs antécédents personnels (âge, statuts tensionnel, ménopausique, lipidique, existence éventuelle de diabète) et sur leurs antécédents cardio-vasculaires (angor, infarctus du myocarde, anomalies aux examens angiographiques, accident vasculaire cérébral, pontages).
Les auteurs ont retrouvé un lien entre cinq des facteurs de risque cardio-vasculaire (âge, hypertension, hypercholestérolémie, diabète et ménopause) et l'existence de lésions artérielles. Un lien similaire a été établi entre les atteintes mammaires et les antécédents cardio-vasculaires.
Un risque majoré de 130 %.
Pour les auteurs, «l'association entre lésions artérielles et maladies du coeur est aussi significative (risque majoré de 130 %) que celle entre ces maladies et l'hypertension, le tabagisme, le diabète, l'âge et une histoire familiale de pathologie cardio-vasculaire. Cette association se maintient dans les trois groupes de femmes étudiées: moins de 55ans, 55-64ans et plus de 65ans. Il semblerait donc que l'âge n'influe pas sur ce phénomène. L'existence de lésions artérielles devrait inciter à la réalisation d'un examen global du risque cardio-vasculaire, y compris chez les femmes les plus jeunes».
Le Dr Rotter propose de suivre la cohorte des femmes sur plusieurs années afin de préciser si les lésions artérielles peuvent aussi représenter un facteur de risque prédictif – et non établi aposteriori – de maladies cardio-vasculaires. Elle précise toutefois que la réalisation d'un bilan exhaustif sanguin et paraclinique (coronarographie, examen Doppler des vaisseaux) reste indispensable devant l'existence de signes cliniques et que la visualisation de calcifications ne suffit pas à l'heure actuelle à mettre en place un traitement de prévention primaire ou secondaire du risque cardio-vasculaire.
« Menopause », mars-avril 2008.
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