«L'APPLICATION AU 1erfévrier du décret Bertrand –interdisant de fumer dans les entreprises, gares, aéroports, structures de santé, prisons et autres lieux à usage collectif – s'est faite sans difficulté. Elle a connu un succès total. Cela montre que l'appréhension précédant l'événement a été exagérée. Dans l'intervalle, le Syndicat des restaurateurs-cafetiers a compris qu'il fallait se préparer, voire anticiper, le 1erjanvier prochain», date à laquelle les 213 000 cafés, restaurants, hôtels, casinos et discothèques seront à leur tour sans tabac. Autant dire que l'auteur de ces propos, Yves Bur, chirurgien-dentiste, ardent défenseur de la protection des non-fumeurs, n'appréhende nullement le jour J de l'an 2008. L'Elysée, d'ailleurs, vient de faire savoir qu'aucune concession n'est à attendre.
« Bachelot ne cédera pas ».
«Pour moi, explique au “Quotidien” le député UMP du Bas-Rhin, quand j'entends le ministre du Budget, Eric Woerth, déclarer, au congrès des buralistes, que le décret doit s'appliquer “de manière intelligente”, je réponds que la seule manière intelligente consiste à mettre en musique “l'ordonnance” de Xavier Bertrand. Il en va de la santé des personnels de l'hôtellerie et de la restauration, qui ne sont pas des salariés de seconde zone, et de celle des clients.» De son point de vue, les buralistes mènent un «combat d'arrière-garde», qui fera long feu. «C'est maintenant qu'ils voudraient s'en tenir à la loi Evin de 1991, avec ses espaces fumeurs et non fumeurs, qu'ils ignoraient jusqu'alors.» Le député «regretteaussi l'attitude de collègues renvoyant au lobby du tabac», comme Edouard Courtial (UMP, Oise) ou Thierry Mariani (UMP, Drôme), qui appellent à conserver des «lieux de convivialité» enfumés sous certaines conditions. Les deux parlementaires de la majorité, soutenus par 80 députés, ont déposé chacun une proposition de loi, renvoyée en commission des affaires sociales. Propositions qui ne seront pas examinées en séance publique d'ici à la fin de l'année, assure le bureau de l'Assemblée. «Roselyne Bachelot ne cédera pas», affirme Yves Bur, pour qui la profession de bistrotier «a tout à gagner de la mesure, sachant que plus de trois Français sur cinq n'ont jamais mis les pieds dans un bar». «Je n'oublie pas que l'actuelle ministre de la Santé, pressentie en 1990 pour être la porte-parole du projet de loi Evin pour le groupe RPR, a été déchargée de la tâche par ce dernier», ajoute Yves Bur.
Une révolution tranquille.
A ce jour, les 150 clubs de fumeurs de cigare (environ 450 membres au total) apparaissent comme étant les plus décidés à entrer en dissidence. Cape & Volutes (Versailles), un cercle de femmes, envisage de «privatiser» pour un soir un restaurant où tenir sa réunion mensuelle. Le Lounge Cigare Club (Levallois-Perret) n'exclut pas de se retrancher sous les tentes extérieures de lieux de bouche. Le Cognac Cigare Club, en Charente, songe à des soirées chez des particuliers. Quant au Biarritz Cigare Club (Bayonne), il a déjà trouvé la parade en se rendant de l'autre côté de la frontière, dans un restaurant espagnol. En fait, à en croire les pouvoirs publics, c'est une révolution tranquille qui s'annonce dans 28 jours. Les carnets à souches de procès-verbaux des 215 000 agents contrôleurs, parmi lesquels 100 000 policiers, 67 000 gendarmes et 562 inspecteurs de santé publique (voir encadré), ne devraient pas se dégarnir plus qu'entre le 1er février et ce mois de décembre 2007, période pendant laquelle on a dénombré une vingtaine d'amendes forfaitaires.
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