L'augmentation de la population des sujets de plus de 65 ans dans les pays industrialisés et le fait que la prévalence de l'hypertension artérielle augmente avec l'âge suggèrent que l'incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et de la morbidité coronarienne augmentera de façon significative dans les années à venir.
Plusieurs grandes études d'intervention ont mis en évidence une diminution significative des AVC et de la morbidité cardio-vasculaire chez les sujets âgés traités par des antihypertenseurs.
Cependant, dans la plupart de ces études, que ce soit STOP (Swedish Trial in Old Patients), SHEP (Systolic Hypertension in the Ederly Program) ou Syst-Eur (Systolic Hypertension in Europe), le nombre de patients très âgés inclus était trop faible pour avoir des résultats significatifs. En outre, les patients avaient des hypertensions sévères ou des hypertensions systoliques isolées.
Il y avait donc peu de données sur le bénéfice d'un traitement hypertenseur chez les patients très âgés ayant une augmentation modérée de la pression artérielle, souligne le Pr Lennart Hansson (université d'Uppsala, Suède).
En outre, des données récentes suggèrent que la composante vasculaire pourrait avoir été sous-estimée dans le développement des démences. On sait aujourd'hui qu'une composante vasculaire est présente chez 40 % des sujets âgés atteints de démence et qu'il existe une relation entre la pression artérielle et les fonctions cognitives.
D'où la conception d'une étude destinée à évaluer l'impact d'une baisse de la pression artérielle sur les fonctions cognitives et le développement d'une démence chez des sujets très âgés hypertendus.
L'étude SCOPE (Study on Cognition and Prognosis in the Ederly) est une étude prospective multicentrique menée en double aveugle pour évaluer la possibilité pour un traitement antihypertenseur d'améliorer le pronostic cardio-vasculaire et prévenir l'altération des fonctions cognitives chez des sujets hypertendus très âgés.
Près de 5 000 patients âgés de 70 à 89 ans présentant une HTA modérée (PAS = 160/179 mmHg et ou PAD = 90/99 mmHg) ont été inclus dans l'étude, randomisés pour recevoir soit du candésartan (Atacand), un antagoniste des récepteurs AT1 de l'angiotensine de longue durée d'action, soit un placebo et suivis pendant trois ans.
Les patients recevaient par ailleurs 12,5 mg/j d'hydrochlorothiazide.
La posologie initiale de 8 mg/j d'Atacand pouvait être doublée et un autre antihypertenseur ajouté en cas de contrôle insuffisant de la pression artérielle.
Une baisse supplémentaire de 28 % des AVC sous Atacand
Une baisse significative de la pression artérielle a été constaté chez les patients des deux groupes de traitement avec toutefois une légère différence en faveur du candésartan (3,2/1,6 mmHg).
Mais en dépit d'une réduction pratiquement similaire de la PA dans les deux groupes, le traitement par candésartan s'est accompagnée d'une réduction significative (28 %) des AVC non mortels et d'une diminution non significative des événements cardio-vasculaires.
Par ailleurs, ces patients bénéficiaient d'une évaluation de leur fonction cognitives par un MMS (Mini Mental Status).
A l'inclusion dans l'étude, tous les patients avaient un score au moins égal à 24 (30 est le score le plus élevé, un score égal ou inférieur à 23 oriente vers une démence).
L'analyse des résultats n'a pas fait apparaître de différence significative en termes de démence et de déclin global des fonctions cognitives entre les deux groupes de traitement.
Le candésartan freine la dégradation de la fonction cognitive
En revanche, l'étude du sous-groupe de patients qui avaient un score MMS compris entre 24 et 28 à l'inclusion a mis en évidence une différence significative en faveur du candésartan. Dans ce groupe, en effet, le score MMS n'a pratiquement pas varié alors qu'il a diminué dans le groupe placebo traduisant un déclin des fonctions cognitives (différence de 0,49 ; p = 0,043 entre les deux groupes). Cette constatation pourrait appuyer l'hypothèse selon laquelle le contrôle de la pression artérielle pourrait prévenir le déclin des fonctions cognitives et le développement d'une démence chez les sujets âgés hypertendus.
Pour le Pr Hans Lithel (université d'Uppsala Suède), l'absence de relation entre la baisse de la pression artérielle et la survenue de démences dans cette étude s'explique par la faible différence de baisse tensionnelle entre les deux groupes de traitement : 66 % des patients du groupe témoin recevaient un traitement antihypertenseur.
Symposium organisé par les Laboratoires AstraZeneca.
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