Discipline de longue durée
Trouble nutritionnel répandu (de 1 à 2 % de la population mondiale selon l'OMS), la carence en fer atteint le plus souvent les nourrissons, les enfants, les adolescents, les femmes en âge de procréer, notamment les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les sportifs de haut niveau. L'anémie du sportif est une donnée classique chez le sujet entraîné, mais cette anémie n'est pas systématique pour tous les auteurs, certaines études ne prenant pas en compte l'hémodilution qui se produit dans les 48 heures de tout exercice prolongé (jusqu'à une semaine). Ces anémies du sportif se retrouvent chez tous les athlètes ayant une dépense énergétique importante et chez les athlètes pratiquant des disciplines de longue durée (+++ course à pied). Dans ces cas, l'existence d'un déficit en fer est quasi systématique et généralement latent sans diminution du taux d'hémoglobine. Ces déficits en ferritine sont liés à l'augmentation des pertes par hémolyse mécanique des globules rouges, les hémorragies digestives, l'hématurie, la sudation, l'insuffisance d'apport en fer et l'insuffisance d'absorption.
Hémorragies digestives
Largement décrites dans la littérature (Clarkson, Gaudin...), les hémorragies digestives concernent la partie haute du tractus intestinal et sont occultes. Elles sont relativement fréquentes chez le coureur à pied (de 8 à 83 % selon les études) et seraient dues à l'intensité de l'exercice, à la distance parcourue et à l'importance de la déshydratation.
Ces hémorragies occultes sont dues à une ischémie transitoire du tube digestif, liée à l'intensité et à la durée de l'exercice, le choc des organes, à l'usage des anti-inflammatoires ou d'aspirine.
Hématuries
Après un marathon, les hématuries sont également fréquentes (de 17 à 90 %), principalement dues à une vasoconstriction rénale qui aboutit à une augmentation de la pression de filtration favorisant le passage des hématies. Cette hémolyse intravasculaire est due à différents facteurs : choc mécanique du pied contre le sol, turbulences au niveau des valvules cardiaques, augmentation de la température du corps, acidose musculaire.
Sudation
La sudation est également responsable d'une perte de fer. La sueur contient en moyenne de 300 à 400 µg de fer par litre. Des pertes sudorales quotidiennes de 2 à 3 litres entraînent chaque jour une perte de 1 mg de fer.
Règles
Le déficit en fer est fréquent chez la femme sportive. Selon Clarkson, de 20 à 47 % des femmes canadiennes et américaines présentent un taux de ferritine inférieur à 12 µg/l (contre 2 à 13 % chez les hommes). Ce faible taux de ferritine est en grande partie dû aux pertes de fer liées aux hémorragies menstruelles. Chaque femme perd, en effet, de 25 à 30 ml de sang par mois, ce qui équivaut à des pertes en fer de 12,5 à 15 mg/mois, soit de 0,4 à 0,5 mg/jour.
Apports faibles
Les apports alimentaires en fer sont généralement bien inférieurs aux besoins chez la femme et afortiori chez la femme sportive qui, du fait d'un comportement de restriction alimentaire, a souvent des apports en fer insuffisants ou limités. Les femmes anémiées ont ainsi une carence en fer totale, une carence en fer disponible et une carence en apport énergétique. En France, selon l'enquête INCA 2, la consommation de viande, aliment riche en fer, est insuffisante à tous les âges de la vie : 64,5 g/j chez les femmes de 18 à 34 ans et 71,1 g/j chez les femmes de 35 à 54 ans. Le déficit en fer peut également s'expliquer par une forte consommation d'aliments inhibiteurs de l'absorption en fer : thé (effet diurétique), café, pain complet.
Attitude
Le schéma thérapeutique visant à prendre en charge la carence en fer sera fonction du taux de ferritine et d'hémoglobine. Si une supplémentation en fer est nécessaire, celle-ci devra être réalisée à doses physiologiques, en tenant compte de la tolérance digestive et en associant de la vitamine C et du cuivre pour une meilleure absorption. Des conseils alimentaires seront également donnés : consommation régulière de viande de boeuf, limitation des aliments inhibiteurs. Néanmoins, l'objectif principal reste de prévenir l'épuisement des stocks de fer ou d'anticiper une anémie vraie. Cette prévention associe une alimentation adaptée (énergie, qualité) à une planification de l'entraînement. Dans certains cas, une supplémentation en fer, à faible dose et de façon discontinue, peut être prescrite, avec une surveillance biologique.
D'après la communication de V. Grandjean (Rives), lors de la Journée Femme, Médecine et Sport, organisée grâce à la collaboration de l'association OSE, de l'ACM (Association cardiologie et médecine), du club des cardiologues du sport et de l'association Groupe ST.
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