UN THÈME, deux intrigues. Une question, deux manières de l'évoquer.
Anne-Marie Lazarini a eu raison de lier ces deux pièces brèves qui sont séparées d'une cinquantaine d'années mais parlent de la même société dans un de ses rites principaux. « Mariage(s) » fait se succéder en une seule soirée, vive et bien menée « Hyménée » de Gogol (1809-1852) et « la Noce » (1860-1904) de Tchekhov. Un interprète, l'excellent Michel Ouimet, fait le lien, jouant le prétendant indécis de la première pièce et le marié déjà trompé de la deuxième tandis que la jeune promise de Gogol, Judith d'Aleazzo, très juste, est l'épouse déjà volage de Tchekhov. Et puis, suivant l'ensemble de la représentation, l'accompagnant, le musicien Hervé Bourde donne le ton de l'entrain au grinçant.
« La Noce », un acte, un précipité dramatique composé par l'écrivain de « la Mouette » en 1889 et jeté sur le papier en quelques heures, est, dans la version qu'en donne Anne-Marie Lazarini, étrangement annonciateur de... « la Noce chez les petits bourgeois » de Bertolt Brecht. Le metteur en scène qui a adapté les textes avec Sylviane Bernard-Gresh donne une couleur de cocasserie presque cauchemardesque à ce grand repas aux couleurs carnavalesques. Les comédiens savent trouver la juste tension et passent d'un personnage à l'autre avec brio.
Dans « Hyménée », avec sa première version « les Prétendants », et une composition qui s'étale sur près de dix ans, une marieuse (l'épatante Andréa Retz-Rouyet) tire les ficelles d'un petit groupe de personnages traités comme des marionnettes... C'est très bien vu par le metteur en scène qui n'accentue pas le trait mais met bien en valeur la causticité par-delà le croquis savoureux des personnages. Plus d'une douzaine d'interprètes, avec en particulier, des portraits féroces des hommes. Tout le monde est à louer. La distribution est très bien équilibrée, chacun défend intelligemment son personnage. Et, on l'a dit, Michel Ouimet, en particulier dans le rôle du conseiller de cour qui voudrait une épouse mais n'est qu'un velléitaire, apporte sa forte personnalité, mobile et audacieuse au spectacle.
« Mariage(s) », c'est drôle, méchant et cela dessine en creux le terrible destin des femmes dans cette société...
Théâtre Artistic-Athévains, à 20 h le mardi, 19 h les mercredi et jeudi, 20 h 30 les vendredi et samedi, en matinée les samedi et dimanche à 16 h. Durée :1 h 50 sans entracte (01.43.56.38.32).
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