POUR LA troisième année consécutive, les Laboratoires Grünenthal ont organisé les Journées ANTAL'J dont le thème était cette année : « La douleur est-elle un phénomène inflammatoire ». Cette thématique transversale fait écho à «une tendance peut-être un peu trop forte ces dernières années à vouloir séparer différents types de douleurs et à envisager des mécanismes physiopathologiques spécifiques. En fait, l'inflammation est fréquente au cours de la douleur et même dans les douleurs neuropathiques, elle participe aux phénomènes douloureux», souligne le Dr Serge Perrot, président de la 3e Journée ANTAL'J.
Mise en jeu de terminaisons libres amyéliniques.
Au cours des dernières années, les données de la neurobiologie moléculaire ont considérablement enrichi les connaissances sur les mécanismes physiopathologiques impliqués au cours de la douleur, en particulier dans ses deux grands types : inflammatoire et neuropathique.
Le Pr Anthony Dickenson (Londres) rappelle qu'il n'y a pas de structure spécifique histologiquement bien individualisée pouvant être qualifiée de récepteur nociceptif. Le message nociceptif résulte de la mise en jeu de terminaisons libres amyéliniques, constituant des ramifications périphériques des fibres Ad et C. Ces terminaisons constituent des arborisations plexiformes dans les tissus cutanés, musculaires, articulaires, ainsi que dans les parois des viscères. La majorité de ces récepteurs sont polymodaux dans la mesure où ils répondent à des stimuli nociceptifs de différentes natures : thermique, mécanique ou chimique. A la suite d'une lésion tissulaire, le signal douloureux est véhiculé par les fibres afférentes, pour aboutir dans la corne postérieure de la moelle épinière et dans le noyau du trijumeau de la tête et du cou. Puis, après un premier relais synaptique, les fibres amènent l'influx par les voies ascendantes jusqu'au cortex.
La biologie moléculaire a permis d'identifier un certain nombre de récepteurs biochimiques qui tapissent la membrane des fibres afférentes primaires. Certains sont des transducteurs capables de transformer un processus physique ou chimique en un courant dépolarisant de membrane (récepteurs ionotropiques non sélectifs, récepteurs purinergiques et canaux sodiques voltage dépendant, dont la particularité est de posséder non seulement des canaux sensibles à la tétrodotoxine, bloqués par les anesthésiques locaux, mais aussi des canaux résistants à la tétrodotoxine).
Outre leurs capacités à réagir à certaines variations mécaniques et thermiques, la majorité des nocicepteurs se comportent comme des chémorécepteurs.
De nombreux médiateurs chimiques.
Au cours de la douleur inflammatoire, de nombreux médiateurs chimiques sont libérés au niveau périphérique à partir des cellules lésées (ions H+ et ATP), à partir de cellules inflammatoires (cytokines pro-inflammatoires), neurotrophines (facteurs de croissance), ou à partir d'autres cellules (bradykinine, sérotonine, peptides, prostanoïdes…). Ils participent à l'activation locale des différents récepteurs et canaux. Ces sites constituent aujourd'hui autant de cibles pour envisager des traitements actifs, souligne le Pr Anthony Dickenson.
Au niveau central, l'activation des fibres afférentes nociceptives (Ad et C) provoque l'excitation des neurones spinaux situés dans les couches superficielles et profondes de la corne dorsale de la moelle.
Deux groupes principaux de substances sont responsables de la transmission des messages nociceptifs périphériques vers les neurones spinaux : les acides aminés excitateurs, comme le glutamate et les neuropeptides. Leur libération est à l'origine d'une activation des récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartate) qui jouent un rôle central au cours des phénomènes de sensibilisation centrale. L'utilisation d'antagonistes de la NMDA, comme la kétamine, mais avec une meilleure tolérance, offre une autre perspective thérapeutique.
Des techniques modernes permettant de détruire physiquement ou pharmacologiquement certains neurones médullaires ont été appliquées avec succès chez l'animal, et leur développement est en cours.
3e Journée scientifique ANTAL'J présidée par le Dr Serge Perrot (Hôtel-Dieu, Paris).
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