« Les diabètes et les altérations de la tolérance au glucose sont fréquents chez les patients en phase aiguë de l'infarctus du myocarde, même en dehors de tout diabète préalablement diagnostiqué. Ces anomalies sont détectables précocement lors du postinfarctus », expliquent Anna Norhammar et coll. dans le « Lancet ». Et plus précisément : « Nos résultats suggèrent que la mesure de la glycémie, de l'hémoglobine glycosylée et les résultats d'un test de tolérance au glucose réalisés en phase aiguë de l'infarctus pourraient être utilisées comme marqueurs pour détecter les individus à haut risque. »
Depuis longtemps, on sait qu'il existe chez les diabétiques un risque cardio-vasculaire spécifique. Les études de grandes cohortes ont montré que les altérations de la tolérance au glucose sont associées à une augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires. Des glycémies élevées, mais restant tout de même en dessous du seuil de définition du diabète, sont associées à des maladies coronaires. Par ailleurs, les diabétiques qui présentent un infarctus du myocarde constituent un groupe à plus fort risque morbide et mortel en postinfarctus que les autres.
35 % de nouveaux diagnostics
Anna Norhammar et coll. ont réalisé leur étude prospective chez 181 patients consécutifs admis dans deux hôpitaux suédois. Les critères d'inclusion consistaient en un diagnostic d'infarctus du myocarde au stade aigu mais sans antécédent connu de diabète, avec une glycémie basale inférieure à 11,1 mmol/l.
L'âge moyen de la cohorte était de 63,5 ans et la glycémie à l'admission était en moyenne de 6,5 mmol/l. Un test de tolérance au glucose standardisé a été réalisé au moment de la sortie (J4 ou J5) et trois mois plus tard. A la sortie, on trouve une glycémie moyenne de 9,2 mmol/l, deux heures après la charge en glucose, et 9 mmol/l trois mois après. Les altérations de la tolérance au glucose sont présentes respectivement chez 35 et 40 % des patients aux mêmes dates. En prenant les critères de définition posés par l'OMS et l'American Diabetes Association, les taux des nouveaux diagnostics de diabète sont de 35 % à la sortie et de 31 % trois mois plus tard.
« La véritable prévalence du diabète dans la population souffrant d'un infarctus du myocarde pourrait être au moins égale à 45 %, en partant du fait que les chiffres détectés sont trouvés dans une population population non sélectionnée », estiment les auteurs. Dans notre étude, moins de 35 % des patients avaient un test de tolérance au glucose normal après trois mois de suivi, alors que les effets du stress aigu, du dysfonctionnement ventriculaire gauche et des processus inflammatoires, événements liés à l'ischémie, s'étaient amendés.
Il existe une corrélation significative entre la glycémie 2 heures après la charge en glucose, au moment de la sortie, et celle à trois mois (p < 0,0001). Il en est de même entre une HbA1c à l'admission et celle à trois mois (p < 0,0001) et entre une glycémie à jeun à J4 et celle à 2 heures à trois mois (= 0,0017).
Ainsi, une HbA1C à l'admission et une glycémie à jeun à J4 constituent deux éléments prédictif trois mois.
Comme il a été montré que les interventions visant à normaliser le métabolisme du glucose ont un effet bénéfique sur le pronostic, on réalise tout l'intérêt d'un tel dépistage.
Les patients admis pour infarctus du myocarde devraient avoir un dépistage du diabète au même titre que les autres facteurs de risque.
« Lancet », vol. 359, 22 juin 2002, pp. 2140-2144.
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