Pour l'instant au stade des essais chez l'animal

Des vaccins prometteurs contre le sras

Publié le 11/10/2004
Article réservé aux abonnés

FACE A une nouvelle épidémie de sras, on serait aujourd'hui en mesure de proposer des stratégies de vaccination auprès de populations à risque, comme les personnels de santé ou les chercheurs en laboratoire. En effet, plusieurs vaccins sont à l'étude et une réponse immunitaire protectrice par l'induction d'anticorps neutralisants est observée chez l'animal. Reste néanmoins à savoir si ces vaccins sont efficaces et sûrs chez l'homme, a précisé Sylvie Van der Werf, chercheur à l'Institut Pasteur (Paris), lors des Euroconférences de l'Institut Pasteur.
Le projet de vaccin contre le sras a mobilisé les chercheurs et de multiples approches vaccinales ont été proposées. Actuellement, sont retenus : les vaccins par virus entier inactivé ou par sous-unités virales, ceux de type ADN et ceux par virus recombinants.

Furets et singes sont de bons modèles.
Plusieurs modèles expérimentaux animaux ont été évalués pour tester les vaccins. Les souris, les chats et les hamsters, malgré une réplication virale pulmonaire et une séroconversion constatée, ne développent pas de symptômes cliniques de la maladie. En revanche, les furets et les singes se sont révélés de bons modèles expérimentaux avec cliniquement asthénie, rash, atteinte respiratoire, et, chez le singe, des lésions histopathologiques pulmonaires patentes.
Le vaccin à virus vivant atténué, avec ou sans gel d'hydroxyde d'aluminium comme adjuvant, provoque une réponse à long terme par anticorps neutralisants. In vitro, on a constaté une prolifération de cellules T et des taux significatifs de production de cytokines après nouvelle stimulation par le virus inactivé. Les espoirs de protection vaccinale contre l'infection sont suffisamment prometteurs pour que les essais cliniques de phase I soient lancés. Néanmoins, il faut savoir si la réponse immunitaire n'exacerberait pas la maladie, comme on l'a constaté pour le virus Fipv. Une alternative pourrait être celle des vaccins à partir de sous-unités virales. Des expériences de purification de la protéine virale de surface S, afin d'induire la production d'anticorps neutralisants, sont en bonne voie.

Une forte réponse immunitaire.
Quant aux vaccins à ADN codant pour la glycoprotéine de surface S du coronavirus, ils induisent chez la souris une forte réponse immunitaire humorale et cellulaire. On observe une production d'anticorps neutralisants protecteurs. Un vaccin à ADN codant pour une réticuline apparentée à la nucléocapside N du virus du sras induit une réponse par anticorps N-spécifiques et par cellules T ; celle-ci entraînerait une diminution du taux de virus circulant exprimant la protéine N du coronavirus chez la souris infectée. Ces données suggèrent qu'il existe une immunité N-spécifique potentiellement capable de contrôler l'infection par le virus.
Enfin, de multiples modèles de vaccins par virus recombinants ont été expérimentés. Parmi eux, ont été retenus des dérivés d'autres coronavirus comme les adénovirus, le virus de la vaccine et le BHPIV3. Les adénovirus recombinants exprimant certaines protéines virales du sras comme celles de surface S, de membrane M et de nucléocapside N, induisent une production d'anticorps antiprotéine S et une réponse par cellules T ciblées contre la protéine N. Une forte réponse par anticorps neutralisants a été observée in vitro chez tous les animaux vaccinés. Après une seule immunisation par voie intranasale, le virus recombinant BHPIV3 exprimant la protéine S induit des taux très élevés d'anticorps neutralisants chez le hamster et le singe vert d'Afrique. Il permettait de conférer une protection contre le virus du sras chez les deux modèles animaux.

« Sras : état des lieux et approches vaccinales », intervention de Sylvie Van der Werf, unité de génétique moléculaire des virus respiratoires, Cnrs, Institut Pasteur. Lors des Euroconférences de l'Institut Pasteur des 7 et 8 octobre 2004 .

> IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7609