AU DEBUT du XIXe siècle, lorsqu'on a commencé à édifier de nouveaux établissements spécialisés en psychiatrie, en application de la loi de 1838 sur la protection des aliénés, la présence d'un grand parc faisait partie de la thérapie.
Le terrain de 10 hectares choisi pour construire l'hôpital psychiatrique de Bassens, en Savoie, en 1848, l'avait été pour la beauté du site, la pureté des eaux, la salubrité de l'air. Les plans de 1875 dévoilent un jardin composite, à la fois jardin à la française et jardin paysager. La végétation doit apporter calme et tranquillité, sans compter le caractère fonctionnel des ombrages de tilleuls pendant l'été. Le potager est de règle, non seulement parce qu'il assure à l'hôpital son autonomie mais parce que les patients peuvent y travailler (ils reçoivent d'ailleurs un pécule pour les tâches réalisées). Aujourd'hui, le mur d'enceinte de l'hôpital a été démoli, les soins s'organisant désormais sur le département au plus près des populations. Le parc fait l'objet des soins d'une équipe de huit jardiniers. Une roseraie a été récemment aménagée. Même s'il est toujours à l'usage privilégié des patients et de leurs familles, cet espace vert est accessible au public grâce à la voie cycle-piéton qui le borde. Il s'ouvre lors de manifestations, concerts ou animations. Le projet Parcs et jardins 2005 a suscité des activités artistiques avec des écoles et des ateliers ouverts aux patients. Les « Rendez-vous aux jardins » concrétisent le travail effectué avec expositions et animations.
Haut lieu de la psychiatrie, l'hôpital Esquirol de Saint-Maurice forme avec l'Hôpital national et l'Ecole nationale de kinésithérapie un vaste ensemble de jardins entre la Marne et le bois de Vincennes.
A l'hôpital Esquirol, se succèdent des cours ouvertes comme des balcons au-dessus de la vallée de la Marne. Ces jardins conçus initialement comme thérapeutiques ne manquent pas de pittoresque.
Les hôpitaux de gérontologie offrent également les derniers grands espaces verts aux abords des villes. C'est le cas de l'hôpital Charles-Foix d'Ivry-sur-Seine. La municipalité a prévu le 4 juin une promenade à pied qui passe par le jardin de l'hôpital, les jardins familiaux du fort, les terrasses de Renaudie et le parc départemental des Cormailles. A Villiers-le-Bel, l'hôpital de gérontologie Charles-Richet, inauguré le 25 novembre 1965, a été construit sur un terrain de 8 ha, dont la moitié d'espaces verts adaptés aux soins et au repos des personnes âgées malades et dépendantes. Le parc conjugue art topiaire, massifs fleuris, pelouses et chemins de promenade arborés. Il offre un parcours botanique et abrite pendant ce mois de juin une exposition de sculptures animalières.
Du château à l'hôpital.
Il arrive aussi que les hôpitaux aient « hérité » - souvent pendant la Révolution et toujours avec cette idée hygiéniste des bienfaits de la nature - d'un jardin prestigieux déjà existant. Pour cette fête 2005 des jardins, l'Alsace ouvre au public trois jardins superbes. Celui de l'hôpital de Bouxwiller, qui n'est autre qu'un morceau du domaine des comtes de Hanau-Lichtenberg. De cet ensemble embelli pendant cinquante ans (1688-1736) par l'un de ses propriétaires, il subsiste un palier de terrasses avec fontaine et statues où des promenades guidées sont organisées les 4 et 5 juin à 15 heures. Un des jardins d'agrément créés entre 1619 et 1639 par Eberhard de Ribeaupierre est devenu propriété de l'hôpital de Ribeauvillé. Les serres à orangers ont disparu, mais il reste des terrasses à l'italienne reliées par des escaliers en pierre de taille et ornées de bassins, de statues et d'arbres remarquables (visites commentées le 5 juin de 15 heures à 18 heures). La colline de Grafenburg, à Brumath, sur laquelle fut édifiée en 1834 pour le député Coulmann la villa qui sert aujourd'hui d'hôpital de jour était bordée à l'origine d'un sentier arboricole. Après 1870, une école d'arboriculture s'installa sur le site et un verger-école fut créé en 1996. Visites commentées le 5 juin de 15 heures à 18 heures des 64 variétés de pommes, 9 de poires, 4 de prunes, 3 de cerises, etc.
Simples médecines.
Depuis quelques années, les jardins médicinaux poussent un peu partout en France et il n'est plus de projets d'espaces verts sans carré de simples. C'est quasi une obligation quand on reconstitue un jardin médiéval. Citons en exemple le jardin médiéval de Pons créé en 2003 dans l'enceinte de l'ancien hôpital des pèlerins (XIIe siècle) sur le chemin de Compostelle ou le jardin des thermes de Cluny à Paris, avec toutes les facette du jardin médiéval, du potager aux simples médecines. Pour son jardin médicinal, le musée de l'Assistance publique à Paris a travaillé scientifiquement pour retrouver les plantes cultivées autrefois dans les hôpitaux pour leur vertus curatives dont les noms figurent sur les faïences pharmaceutiques du musée. La soixantaine d'espèces sélectionnées sont regroupées dans des massifs selon leurs propriétés : plantes sédatives, plantes pour les maux de ventre, plantes contre les fièvres. Visites guidées organisées les 3 et 4 juin de 13 heures à 16 heures et accès au jardin d'agrément de l'hôtel de Miramion. Concerts le samedi à 13 h 45, 14 h 30 (flûte traversière) et 17 heures (jazz).
On retrouve, bien sûr, les simples dans les jardins botaniques, nombreux à participer à la manifestation : l'historique jardin de Montpellier, le jardin plus que centenaire de la faculté de pharmacie d'Angers, le parisien Jardin des Plantes, etc.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature