L'enquête santé 2002-2003 est la cinquième du genre. Tous les dix ans, depuis 1960, l'INSEE se penche sur la santé des Français. Menée sur l'ensemble de la population métropolitaine, elle donne une photographie globale de la santé publique et de la prévention, dans la mesure où elle concerne les personnes qui se déclarent malades et celles qui se déclarent en bonne santé.
Comme l'explique au « Quotidien » Jean-Louis Lanoë, économiste de la santé à l'INSERM et détaché à l'INSEE pour piloter cette enquête, les personnes interrogées sont choisies par adresse. Aucune présélection ne peut donc être effectuée. Cette année, l'enquête porte sur 25 000 « fiches adresse ». « Si l'on considère que les deux tiers des ménages acceptent d'y participer, l'enquête concernera près de 30 000 personnes, soit le double de l'enquête précédente », précise Jean-Louis Lanoë.
Les questions balayent de nombreux domaines. Elles évaluent, d'une part, la manière dont les personnes perçoivent et s'occupent de leur santé, ainsi que leur consommation annuelle des différents types de soins comme les hospitalisations, les recours au médecin, les achats de médicaments prescrits et non prescrits. D'autre part, l'enquête observe les comportements de la population en matière de prévention médicalisée, d'habitudes alimentaires et l'exposition à certains risques, en particulier les risques professionnels.
Pour avoir un état des lieux complet, certaines questions aborderont également le niveau socioculturel, les revenus du ménage, le type de protection sociale choisi, l'histoire professionnelle des adultes qui composent le ménage. Tous les individus d'un ménage seront interrogés. Pour les enfants et les personnes dont l'état de santé ne permet pas de répondre, l'interrogation sera menée auprès d'un adulte.
L'enquête, qui se déroulera pour la première fois dans cinq extensions régionales (Provence-Alpes-Côte d'Azur, Ile-de-France, Champagne-Ardenne, Picardie et Nord- Pas-de-Calais), durera un an et se fera en plusieurs vagues pour couvrir toutes les saisons. Les résultats de l'enquête sont prévus pour le premier trimestre 2004.
Trois visites
Chaque ménage est interrogé pendant deux mois, à raison de trois visites d'une heure environ. La première visite porte sur la perception que les gens ont de leur propre santé et les maladies dont ils déclarent souffrir. « Nous voulons recueillir des déclarations spontanées, explique Jean-Louis Lanoë. Les enquêteurs de l'INSEE n'ont pas pour mission d'apprécier la teneur des propos des personnes interrogées, même si elles paraissent avoir tort dans la perception de leur santé. Ils n'ont d'ailleurs reçu aucune formation médicale particulière ».
Les deux visites suivantes actualisent les données de santé concernant les personnes interrogées (maladies terminées, nouvelles ou même maladies et douleurs oubliées) et récapitulent les recours au système de santé pendant le mois écoulé ainsi que les dépenses engendrées par ces recours. « Aucune question d'ordre qualitatif n'est posée aux enquêtés, souligne Jean-Louis Lanoë. Nous n'avons pas voulu tout mélanger. On ne cherche pas à mesurer la satisfaction des patients par rapport au système de santé ».
Par ailleurs, des autoquestionnaires doivent être remplis par les interviewés sur leur consommation de tabac et d'alcool, notamment. « Nous voulons contourner les pudeurs que pourraient avoir les personnes interrogées devant les enquêteurs, ajoute Jean-Louis Lanoë. Les autoquestionnaires concernent des questions très personnelles. Généralement, il y a un très bon retour. »
Les dimensions européenne et internationale ont été privilégiées dans cette enquête afin de permettre des comparaisons. Certains des questionnaires proposés (asthme et problèmes respiratoires, dépression, perception de la santé, par exemple) sont largement utilisés sous une forme strictement analogue dans plusieurs enquêtes internationales.
Dans un contexte où les dépenses de santé continuent de croître rapidement, cette vaste enquête santé devrait apporter aux décideurs en santé publique de précieuses connaissances pour élaborer des politiques de santé. Elle fournit également des informations de qualité qui permettent aux organismes de recherche de proposer certains axes de recherche.
Les trois quarts des Français se considèrent en bonne santé
Pour la première fois, l'enquête santé 2002-2003 permettra d'évaluer la manière dont les personnes perçoivent leur santé. Les enquêtes santé effectuées précédemment n'abordaient pas ce sujet. Toutefois, selon une étude ciblée réalisée en 2000 par l'INSEE, près de 55 % des Français se considèrent en bonne santé. A âge équivalent, une personne qui travaille se considérera en meilleure santé qu'un inactif ou un chômeur. Encore que, lorsqu'on est actif, mieux vaut être cadre qu'ouvrier. Les femmes ont une opinion sur leur santé plus tempérée que les hommes : elles s'estiment rarement en excellente santé et moins souvent en très mauvaise santé. Quel que soit son revenu, une personne qui ressent des difficultés dans sa vie quotidienne, qui a du mal à payer ses factures ou se plaint des conditions de logement, aura aussi un jugement mitigé sur sa santé.
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