Le tsunami continue de faire des vagues dans la politique japonaise. Le Premier ministre Naoto Kan a donné ce vendredi sa démission de la présidence du Parti démocrate du Japon (PDJ) et de son poste de Premier ministre, qu’il occupait depuis le 8 juin 2010. Depuis le séisme du 11 mars, qui a provoqué le catastrophique accident nucléaire de la centrale de Fukushima, Naoto Kan était vivement critiqué par l’opposition conservatrice, mais également au sein de son propre camp, pour ses hésitations et ses maladresses dans la gestion de la crise. La population lui avait également témoigné son désamour avec une cote de popularité tombée à 15 %.
À 64 ans, cette démission est un immense revers pour un homme qui s’était fait connaître pour ses prises de positions virulentes contre la bureaucratie et les mensonges d’État. Il acquiert ainsi sa crédibilité politique en tant que ministre de la Santé et des Affaires sociales dans le gouvernement de Ryutaro Hashimoto en 1996 lorsqu’il révèle le scandale du sang contaminé. Dès sa nomination, il lance en effet une enquête sur la connaissance qu’avait l’État des risques du sang contaminé. Si le virus du sida était identifié au Japon dans les années 1980, le gouvernement, pourtant averti dès 1983 sur la vulnérabilité des hémophiles, a attendu 1985 pour mettre en place des licences pour la production de sang traité. L’administration de la Santé, accusée par les associations de victimes d’avoir volontairement gagné du temps pour aider l’industrie pharmaceutique japonaise dans sa compétition avec les États-Unis, a néanmoins toujours nié, jusqu’à ce que les investigations engagées par Naoto Kan prouvent, irréfutablement, son tort. Le ministre de la Santé atteint ensuite le faîte de sa gloire lorsqu’il installe un dispositif de dédommagement des victimes et présente des excuses publiques aux représentants de contaminés. Son emportement à défendre la population contre l’État lui vaut même le surnom d’Ira-Kan, « Kan l’irascible ».
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