« La preuve définitive n’a pas encore été apportée. » Cette fois, les autorités allemandes sont prudentes. Après le concombre espagnol finalement innocenté, les soupçons se portent désormais sur des graines germées utilisées pour les salades, comme vecteur de la transmission de l’infection à Escherichia, qui, selon le dernier bilan de l’Institut Robert-Koch, a touché 1 600 personnes en Allemagne, dont 603 ont développé un syndrome hémorragique et urémique (SHU), avec au moins 15 décès confirmés. Toutes les régions allemandes sont touchées mais le nord du pays reste le plus affecté, 66 % des cas résidant dans les cinq régions du nord de l’Allemagne (Hambourg, Schleswig-Holstein, Bremen, Mecklenburg-Vorpommern et Basse-Saxe).
Les graines suspectées sont produites par une ferme bio de Basse-Saxe qui travaille avec d’autres pays européens et d’Extrême-Orient. Dimanche, le ministre de l’Agriculture du Land, Gert Lindemann, déclarait, lors d’une conférence de presse : « Les présomptions sont si fortes que nous devons recommander aux consommateurs de renoncer pour l’instant à la consommation de graines germées. » Mais les premières analyses, sur 23 des 40 échantillons prélevés, se sont révélées négatives.
L’Institut Robert-Koch, qui a réalisé une étude cas-témoins auprès des patients infectés par E. coli O104 : H4, un sérogroupe très rare, rappelle que l’enquête sur les habitudes alimentaires avait inclus la recherche de graines germées mais que seulement une faible proportion de patients en avait consommé. Une nouvelle étude cas-témoins a été lancée.
Devant l’ampleur et la gravité de l’épidémie, les néphrologues allemands utilisent depuis une dizaine de jours un traitement hors AMM pour la prise en charge des patients atteints de SHU. L’éculizumab (Soliris, des Laboratoires Alexion) bénéficie d’une AMM européenne depuis juin 2007 pour le traitement des patients atteints d’hémoglobinurie paroxystique nocturne. Dans un communiqué, l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) publie le protocole allemand en soulignant que « les patients éligibles sont des patients avec diagnostic avéré de SHU à shiga + avec atteinte neurologique (facteur de mauvais pronostic) » et rappelle que le médicament est « réservé au milieu hospitalier sous la surveillance d’un médecin ayant l’expérience de la prise en charge des patients atteints de troubles hématologiques/néphrologiques ».
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