L'opération déminage se poursuit. François Fillon, en proie aux critiques récurrentes sur son projet pour la Sécurité sociale, a annoncé ce mercredi qu'il allait demander la réalisation d'un « audit des comptes sociaux » par des « experts indépendants » et a promis une « concertation avec tous les acteurs » pour préciser son projet pour la santé et pour l'hôpital.
« J'organiserai ensuite avec mes amis parlementaires, dont beaucoup sont des médecins, une convention qui nous permettra de préciser le projet en étroite concertation avec les professionnels de la santé de tous les secteurs », a ajouté le candidat de la droite à la présidentielle, lors d'une visite à l’hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine).
François Fillon était accompagné par Gérard Larcher, président du Sénat et président du comité politique du parti Les Républicains, sa porte-parole santé, la généticienne Dominique Stoppa-Lyonnet, ainsi que par Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, le Pr Philippe Juvin, tous deux médecins.
Répondre aux « caricatures »
Acculé à s'expliquer sur son projet de réforme de l'assurance-maladie, François Fillon s'est livré ces derniers jours à un exercice d'équilibriste pour tenter d'éteindre l'incendie, assurant que la couverture des soins resterait « comme aujourd'hui », tout en appelant à des réformes.
« Pas question de toucher à l'assurance-maladie et encore moins de la privatiser », avait assuré le candidat à l'Élysée dans une tribune publiée mardi dans Le Figaro. L'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait mis le feu aux poudres en expliquant dans son programme vouloir focaliser l'assurance-maladie universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste.
Lors de cette visite, il a souhaité « répondre aux caricatures », affirmant son attachement au principe de solidarité qui fonde la Sécurité sociale, et tout particulièrement l’assurance-maladie. « Mais évitons la langue de bois et les péchés d’orgueil, tout ne va pas bien, a-t-il ajouté. Vous savez les maux qui traversent notre assurance-maladie : déficit chronique, bureaucratisation des procédures, abus ici ou là, absence de vision stratégique, mauvaise articulation avec les complémentaires santé… »
Maquis des complémentaires
Et de brosser un tableau très sombre du système de santé : « Des urgences en surchauffe, plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, des professionnels de santé exaspérés par la paperasse, des déserts médicaux qui s’étendent, un manque de synergie entre l’exercice libéral et le système public, les 35 heures gérées tant bien que mal dans des services débordés, des assurés qui, dans le maquis des complémentaires et mutuelles, savent de moins en moins à quoi ils ont droit et qui s’interrogent sur les garanties effectives dont ils disposent… »
Dans ce contexte, François Fillon estime ne pas avoir « de leçons de solidarité à recevoir ». « À aucun moment je n’ai voulu ou je ne voudrais "privatiser l’assurance-maladie" », plaide-t-il, même si les mesures les plus clivantes de son projet santé ont été retirées mardi de son site Internet…
Lors de ce même déplacement, François Fillon a tenu à saluer « des équipes de soignants exceptionnels pour une médecine exceptionnelle », qui « méritent tous les éloges ».
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