Réforme du médecin traitant et du parcours de soins, rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), généralisation de la télétransmission, contrôles de la Sécu, paperasse... Les conditions d’exercice et de rémunération des médecins libéraux ont été fortement transformées ces dix dernières années, selon une enquête* de l’URPS des médecins libéraux d’Ile-de-France (URPS ML), réalisée de mars à mai 2015 avec Kynos.
Les médecins franciliens déplorent en premier lieu le surcroît de tâches administratives et comptables au cours de la décennie écoulée, au détriment du temps médical consacré aux patients. À cet égard, la mise aux normes accessibilité du cabinet « constitue un problème majeur », explique le Dr François Wilthien, vice-président MG France, qui a supervisé l’enquête de l’URPS. « C’est une bombe à retardement, qui pose de vraies questions notamment de financement », assure-t-il.
L’informatisation intensive des cabinets médicaux ces dernières années soulève certaines inquiétudes. « Ces outils ont un impact positif car les tâches sont simplifiées, mais il y a une crainte d’une dérive du système à la Big Brother, avec l’Assurance-maladie qui surveillerait tout », analyse le Dr Wilthien. De ce point de vue, les indicateurs de la ROSP restent discutés par la profession car ce type de rémunération à la performance est parfois perçu comme un outil de contrôle.
Dans leurs relations directes avec l’Assurance-maladie, les médecins libéraux doutent de l’utilité des délégués assurance-maladie (DAM), montre l’enquête. Ils préféreraient être en contact avec une structure indépendante.
Passionnés mais inquiets
Questionnés sur la réforme du médecin traitant, les praticiens se montrent ambivalents : le parcours de soins a certes permis un meilleur suivi des patients mais les médecins ont le sentiment d’être sollicités et mis à contribution sans reconnaissance ou contrepartie à la hauteur de leur investissement.
Surtout, les praticiens libéraux craignent pour leur liberté, leur indépendance et la qualité de leur exercice futur. Ils s’inquiètent de la désertification médicale et du pourcentage insuffisant de nouvelles installations en libéral, qui freine ou empêche la transmission des cabinets. « En Ile-de-France, six des huit départements sont dans le top 20 des départements en sous-densité médicale, précise le Dr Wilthien. Je ressens une inquiétude majeure des médecins sur ce point, qui sont souvent dans l’affectif et réfléchissent beaucoup à leur avenir successoral. »
Les médecins libéraux franciliens restent dans l’ensemble passionnés par leur métier, et se déclarent prêts à poursuivre une activité au-delà de l’âge légal.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature