Loi santé : Olivier Véran s’attaque à la promotion de la maigreur excessive chez les mannequins

Publié le 16/03/2015
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Crédit photo : AFP

Dans le cadre du projet de loi santé, deux amendements interdisant le recours aux mannequins dénutris et l’apologie de l’anorexie ont été déposés ce matin à l’Assemblée nationale par le député PS de l’Isère, le Dr Olivier Véran, neurologue au CHU de Grenoble, par ailleurs rapporteur du volet Promotion et prévention du projet de loi.

Pour une modification du code du travail

Le premier amendement vise à interdire aux agences de mannequins le recrutement de jeunes filles diagnostiquées en état de dénutrition. « Il est intolérable que l’on puisse faire l’apologie de la dénutrition et que l’on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé », a déclaré le Dr Véran à l’AFP, dimanche 15 mars.

Le député de l’Isère souhaite modifier le code du travail pour que les agences de mannequins soient dans l’obligation de vérifier, par le biais d’un certificat médical, que l’IMC des mannequins se situe dans des normes acceptables. « Cette valeur n’est pas encore déterminée. Elle devra faire l’objet de débat. Je propose que la Haute Autorité de santé se prononce à ce sujet », poursuit-il. Les abus pourront être punis par la loi d’une peine de six mois d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Selon les derniers rapports de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe trois degrés de maigreur, définis en fonction de l’indice de masse corporel (IMC) des personnes : le grade 1 où l’IMC se situe entre 17 et 18,5, définit une maigreur légère ; le grade 2, avec un IMC entre 16 et 17, une maigreur modérée, et enfin le grade 3, pour tout individu où l’IMC ne dépasse par 16, correspondant à une maigreur sévère.

Contre l’apologie de l’anorexie

Le second amendement a été déposé conjointement avec la délégation aux droits aux femmes et vise à interdire « l’apologie de l’anorexie », notamment sur les sites Internet, et à créer un « délit de valorisation de maigreur excessive ». La mode du thigh-gap (écart entre les cuisses), vanté sur Internet, est un exemple de cette apologie. « Ces sites expliquent aux jeunes filles de 12-13 ans qu’il faut avoir un écart de 15 centimètres entre les jambes pour être belle », a ajouté le député à l’AFP.

Dernières données épidémiologiques sur la maigreur

Les données sur la prévalence du trouble du comportement alimentaire (TCA) et de l’anorexie sont limitées en France. Cependant, plusieurs enquêtes nationales ont été menées depuis 1998 sur la prévalence de la « maigreur » – « un état qui n’est pas synonyme de trouble du comportement alimentaire, mais qui témoigne de l’existence de sujets potentiellement à risque », note la HAS dans un rapport de 2011. Selon ces données, entre 1999 et 2006, la prévalence globale de la maigreur semblait stable dans la population des 18-35 ans (6,5 vs 6,8 %) en France. Mais chez les jeunes femmes, le nombre de personnes maigres aurait augmenté passant de 9 % à 14 %.

Olivier Véran estime que 30 000 à 40 000 personnes souffrent d’anorexie mentale. « Ce sont des adolescentes dans 90 % des cas. L’impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort », a déploré le député.

Marisol Touraine soutient les amendements anti-anorexie

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé lundi sur le plateau de BFMTV qu’elle soutiendrait les amendements proposés par le député d’Isère Olivier Véran. « Oui je vais soutenir » cette initiative, ajoutant qu’elle n’avait pas encore « examiné » ou « expertisé » les textes. « Je trouve que quand on est mannequin on doit s’alimenter et prendre soin de sa santé. C’est un message important en direction des jeunes femmes, des jeunes filles qui voient en ces mannequins des modèles esthétiques », a déclaré la ministre de la santé.

Des mesures législatives et réglementaires ont déjà été prises en Israël, Espagne, Chili, Belgique et en Grande-Bretagne.

En France, seule une « charte d'engagement volontaire sur l'image du corps et contre l'anorexie » visant à ne pas diffuser des images de personnes pouvant contribuer à promouvoir un modèle d'extrême maigreur, avait été signée en 2008 entre Roselyne Bachelot et les organisations représentatives des professionnels de la mode, de la publicité et des médias.

Sophie Martos

Source : lequotidiendumedecin.fr